Vanille

La Clairière

Sortie le 03 février 2023

Bonbonbon

L’autrice-compositrice-interprète Rachel Leblanc, mieux connue sous le nom de scène Vanille, revient à la charge avec un nouvel album intitulé La clairière, son deuxième avec le label indépendant Montréalais Bonbonbon.

 

Influencée par les pionnières du folk revival des années 60 comme Shirley Collins, Vashti Bunyan et Bridget St-John, cette nouvelle offrande représente une évolution majeure pour l’artiste. En effet, si on connaît Vanille pour ses chansons rock indé mélancoliques et adulescentes, elle nous offre aujourd’hui un disque mature où se côtoient naturellement folk à l’anglaise et pop baroque. Dès les premières secondes de Hop hop, morceau d’ouverture de l’album, l’auditeur est transporté au cœur d’une forêt enchantée dans un univers intemporel. À la manière des oeuvres de John William Waterhouse de John Anster Fitzgerald et de Jacques Demy, La clairière se veut une véritable porte ouverte vers un monde imaginaire où une nature idyllique règne ; c’est une échappatoire féérique aux rythmes effrénés de la modernité et aux suffocations anxiogènes de la vie urbaine.

 

La clairière, c’est également là où Rachel Leblanc reprend les rênes de sa création. En effet, Rachel a décidé d’assurer la direction artistique de l’album. À ce propos, elle dit : “Puisque ce nouvel album est beaucoup plus symbolique pour moi en tant qu’autrice, j’ai décidé de le réaliser moi-même. En tant que femme dans l’industrie de la musique, je suis souvent contrainte au rôle d’interprète. […] J’ai cependant la certitude que mon sens du goût, ma vision artistique claire ainsi que l’équipe compétente que j’ai assemblée me permettront d’arriver au bout de mes ambitions.”

 

Afin de l’aider à réaliser ses fantasmes musicaux, Rachel s’est entourée d’une équipe de confiance. Pour assurer le côté technique de la réalisation, Vanille s’est associée avec le réputé Alexandre Martel, à qui on doit le succès d’artistes comme Hubert Lenoir, Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy. À propos de cette collaboration, Rachel dit : “J’ai la certitude que sa minutie, sa rigueur et sa compréhension accrue de mon univers musical sauront combler les lacunes techniques que je pourrais avoir.“ La prise de son est assurée par Benoît Parent (Robert Robert, Etienne Dufresne) et le mixage par Guillaume Chiasson (Bon Enfant, Jesuslesfilles). Cet album fait également  appel à une panoplie de musicien.nes. L’album est enregistré au magnifique studio Wild en plein cœur de la forêt québécoise sous le rayonnement bucolique de la première neige de novembre.

 

Assumant plus que jamais le côté chanson de sa musique, Vanille a, pour ce nouveau disque, troqué sa guitare électrique contre une acoustique. On remarque d’ailleurs le somptueux travail d’arrangements à ce niveau tout au long de La clairière. Cet opus regorge d’arrangements raffinés et élégants. On peut entendre, tout au long de l’album, des ensembles de flûtes traversières, de la clarinette basse et du saxophone ténor. Les chansons sont saupoudrées d’instruments inhabituels, mais qui contribuent à les ancrer dans leur créneau fantaisiste et légèrement médiéval. On note la présence d’autoharpe, d’omnichord et de clavecin sur plusieurs pièces de La clairière. Mis à part quelques apparitions subtiles de synthétiseurs analogiques, la présence de basse électrique et de quelques guitares électriques, tous les instruments utilisés sont acoustiques, rappelant encore une fois l’aspect intemporel des morceaux. Les percussions sont également à l’honneur dans cet album. On y entend carillons, shakers, cloches, tambourines et plus encore. La batterie traditionnelle est mise de côté dans une majorité de l’album, ce qui ajoute à son impact lors de chansons comme M’as-tu vu passer et À bientôt. On retrouve également des pièces teintées de psychédélisme et de rock garage comme Anna et Mon petit chemin.

 

Les chansons de l’album sont très instinctives et proviennent du plus profond de l’inconscient de Rachel. Dans un vocabulaire simple, mais imagé, Vanille a construit un univers narratif qui, par le biais de la création, a permis à Vanille de de s’évader intellectuellement dans un monde paisible rempli de liberté. Les chansons sont volontairement plus dépouillées, moins directes, plus abstraites. À ce propos, elle dit : “Les mois d’isolement forcés que nous venons de subir m’ont confronté à plusieurs difficultés émotives et physiques. Comme plusieurs autres, j’ai ressenti le poids écrasant de mon microscopique appartement, de la pollution atmosphérique et des bruits incessants de la ville en plus d’être emparée d’un sentiment de panique généralisé. Pour m’aider à faire face à ces nouvelles réalités anxiogènes sans perdre la tête, j’ai voulu composer des chansons qui me permettaient de voyager mentalement dans des lieux de paix, de calme et de grandeur ; mes états d’âme et mes angoisses urbaines se mélangent avec une fascination pour la simplicité de la vie de campagne et un nouveau fétichisme des grands espaces.”

 

Sous leurs apparences d’émancipation et de voyage cosmique, les morceaux abordent cependant des thématiques complexes et sensibles. On y entend des histoires d’amour déchues, des récits de déracinement et de détachement. C’est donc dans cette ambiance douce-amère qu’évoluent ces morceaux. Des chansons comme La rose, Par-delà les monts et Maison d’automne mettent en évidence ces éléments conflictuels.

 

On retrouve donc dans La clairière une Rachel Leblanc plus confiante, plus assumée et en plein contrôle de sa direction artistique. Si Soleil ‘96 mettait au monde le talent brut qu’est Rachel Leblanc, ce nouvel album montre plutôt une musicienne avec de l’assurance et de la détermination. La clairière est un pas de géant dans le développement de carrière de Vanille, représentant le début d’une nouvelle ère.