Institut

L’effet waouh des zones côtières

Sortie le 5 mars 2021

Rouge déclic

Tout laisse à penser qu’Institut est issu de la rencontre de deux entités masculines nées sous le septennat giscardien, à une époque où fumer et boire dans une Austin Mini ou un Airbus A300 était la norme. Arnaud Dumatin et Emmanuel Mario (également fondateur d’Astrobal, collaborateur de Laëtitia Sadier, Arnaud Fleurent-Didier, Superbravo…) ont conservé des seventies le goût pour les hot pants en daim et les cardigans en laine vierge.

Les chansons d’Institut trouvent leur source dans l’ambiance décomplexée des années 2010, ère de la libération absolue de l’individu, matière première de leurs plaidoyers pour une société ancrée dans les réalités économiques et les amours réinventées, enfin parée aux plaisirs distanciels, aux villes nouvelles, à la livraison à domicile, aux méthodes de travail modernes et à la technologie de surveillance avancée.

Avec ce troisième album, L’effet waouh des zones côtières, Institut dévoile à nouveau une sensibilité à fleur de peau, s’enfonçant davantage dans un premier degré gênant, dans une sincérité toute enfantine.

Une vision émerveillée de leurs contemporains imprègne chacun des onze titres, avec toujours une envie du contact physique, une soif de l’autre, d’échanges de fluides, de sueur perlant du front et des aisselles.

Cette collection de chansons au beat enflammé ravira les amateurs de hifi les plus exigeants : plug-in adaptés aux compositions (Universal Audio Analog Classics Pro Bundle, Fabfilter Total Bundle VST et VST3 Audiosuite, etc…) mais aussi des instruments externes type OTO Bam, Bim et Boum, donnent à l’album une teinte délibérément afro beat, sans jamais verser dans la caricature, avec en contrepoint une légère tonalité Calypso, quelques relents new wave voire carrément dark, le tout dans un refus du consensus et des chapelles.

La chanteuse indie pop folk Nina Savary, qui avait rejoint le groupe pour l’enregistrement de Spécialiste mondial du retour d’affection, deuxième album d’Institut, est omniprésente sur L’effet waouh des zones côtières, toujours impressionnante de justesse dans ses interprétations, entre puissance avérée et émotion contenue.

Une étude analytique dévoile toutefois que l’ère SARS-CoV-2 a affecté la tonalité de l’album cité en référence, initialement océanique.

La pochette est – encore une fois – le fruit d’une collaboration entre le photographe Elie Jorand, la graphiste Alice Bosc et le portraitiste Philippe Lebruman, trois collaborateurs du premier cercle.