Nightmares On Wax

Echo45 Sound System

Sortie le 14 novembre 2025

Warp Records

Fort de plus de trente ans de carrière, George Evelyn, alias Nightmares On Wax, n’a cessé de repousser les frontières du son. Des atmosphères riches en samples de Smokers Delight à l’introspection lumineuse de Shout Out! To Freedom, il a bâti une œuvre qui dépasse la simple musique pour toucher à l’émotion, à la culture et à l’évolution. Avec Echo45 Sound System, N.O.W. prolonge cette quête avec un album sous forme de mixtape qui résonne à la fois comme une célébration et comme une déclaration d’intention. Plus qu’une compilation, c’est une expérience vibrante, où soul, roots, hip-hop, dub et textures électroniques fusionnent dans un esprit aventureux. Entouré de collaborateurs soigneusement choisis – Yasiin Bey, Greentea Peng, Sadie Walker, Liam Bailey, entre autres – Evelyn ne se contente pas de revisiter son parcours : il annonce avec audace ses prochaines directions.

 

Né au cœur de la culture sound system de Leeds, George a dépensé cinq livres, offertes par sa mère, pour acheter une vieille enceinte abîmée qu’il baptisa Echo45. Cet objet allait provoquer sa rencontre avec Kevin Harper, cofondateur de N.O.W., un hasard décisif qui changea le cours de sa vie.

 

Le morceau d’ouverture, ‘Echo45, We Are!’ en collaboration avec Oscar Jerome, pose d’emblée le ton avec un appel à la mobilisation, à la fois ancré et exaltant. L’album déroule ensuite un voyage fluide entre les genres, alternant grooves profonds, paroles conscientes et productions éthérées. ‘Dive Into’ avec Louis VI respire une aisance jazzy, tandis que ‘Desire’ marie la voix de Liam Bailey et Haile Supreme dans une ballade soul aux accents nostalgiques. Puis vient ‘Bang Bien’, premier single et collaboration marquante avec Yasiin Bey : un cocktail de rythmes futuristes et de commentaire social, vibrant d’une urgence universelle. Ces instants confirment pourquoi N.O.W. demeure à l’avant-garde, reliant époques et continents avec une fluidité unique.

 

Au cœur du projet, ‘I Remember’ – interprété par Greentea Peng – déploie une intensité émotive rare. Introspectif, vulnérable et riche en nuances, il illustre ce qu’Evelyn excelle à créer : une musique qui s’écoute et se réécoute. Parmi les autres sommets, citons ‘True’ et ‘Starwood Bound’, portés par Sadie Walker dont la voix conjugue fragilité et puissance. Des titres comme ‘Mumzie Riddim’ et ‘Hop-to-Mystic’ apportent une chaleur familière, renforcée par la présence de Liam Bailey, fidèle compagnon de route, qui ancre le projet dans une dimension soulful et dub.

 

Tout au long d’Echo45, George Evelyn tisse un dialogue entre les pionniers et la nouvelle génération britannique. Les interventions de figures comme Gilles Peterson, Goldie, Daddy G ou Natasha Diggs rappellent l’héritage de la culture sound system, tout en ouvrant la voie à de nouvelles interprétations. Malgré cette richesse collaborative, la signature de Nightmares On Wax reste intacte : une production organique, profondément enracinée et pourtant sans limite. L’album respire la détermination, comme un manifeste sonore d’unité, de liberté et de mouvement vers l’avenir.

 

À une époque où la musique se consume souvent dans l’instant, Echo45 invite à ralentir, à écouter et à ressentir. Comme dans ses œuvres les plus marquantes, Evelyn ne livre pas seulement du son : il crée un espace. Un espace où réfléchir, se connecter et imaginer. Avec Echo45, Nightmares On Wax se réaffirme comme une force culturelle intemporelle, loin de la nostalgie, maître dans l’art d’inventer des ambiances et de transmettre des messages. Fidèle à lui-même, George Evelyn continue de capturer le passé pour mieux le verser dans l’avenir.

 

Don Letts, alias The Rebel Dread