The Go! Team

Get Up Sequences Part One

Sortie le 2 juillet 2021

Memphis Industries

Ma première rencontre avec le groupe remonte à 2004 et la chanson « Power is On » sur l’album Thunder, Lightning, Strike, qui samplait un passage de mon film sur les Clash, Westway to The World. J’ai été frappé par leur utilisation de l’implicite – quelque chose qui n’est pas passé inaperçu pour un ex-membre du deuxième groupe de Mick Jones, Big Audio Dynamite. Après une écoute plus approfondie, il était évident qu’on était au-delà d’une utilisation juste intelligente de samples et de boucles : même sans ça, les chansons étaient mortelles, c’était toujours le même trip sous acide. Cet album a été la voie royale à un groupe dont je suis fan depuis cette époque. Une exploration plus poussée m’a montré qu’il s’agissait essentiellement de la vision d’un homme, Ian Parton, accompagné d’équipiers qui l’aident à déployer cette vision. J’ai également été sensible à l’attention que porte Ian à la beauté et aux possibilités qu’offre une forme d’imperfection. Ces qualités ont mené The Go ! Team à sortir Proof of Youth, leur deuxième album, en 2007, nouvelle étape avec la voix d’invités comme les Double Dutch Divas et Chuck D., de Public Enemy. Avec Rolling Blackouts, en 2011, le groupe a enrichi sa méthode en faisant appel à de nombreux invités, compagnons de longue date ou nouveaux venus, pour proposer de nouvelles chansons réussies en samplant celles de Harry Nilsson, Lata Mangeshkar et Joe Tex. Par contraste et à la suite d’une rupture du groupe en 2015, The Scene Between marquait un retour aux débuts dépouillés du premier album. En son cœur, un art du sampling plus affirmé que jamais, et des crochets mélodiques désormais familiers. En 2018, c’est le coup de maître Semicircle, qui voit le groupe faire équipe avec une chorale de Detroit, Michigan.

Arrive Get Up Sequences Part One : les membres du groupe (Ian, Ninja, Nia, Simone, Sam et Adam) y ont créé un monde musical bien à eux. Un endroit où la routine est interdite et la perfection un ennemi. Un lieu où Ennio Morricone rencontrerait les Monkees armés de flûtes, de glockenspiels, de steeldrums, avec un style bien badass. On parle ici d’un son cinéma multi-pistes instantanément identifiable.

Dans l’univers cool de The Go ! Team, l’avenir est radieux et la mélodie la star…

Pour preuve le deuxième morceau, « Cookie Scene » : avec sa flûte bondissante et ses percus de brocante, il nous fait découvrir le rappeur Indigo Yaj, dont la voix old school nous invite à poursuivre notre voyage sonore. A la station suivante, c’est le groove soul à l’harmonica de « A Memo For Maceo », un morceau instrumental qui fait de nos pensées des paroles et de notre vie un film. « We Do It Bit Never Know Why» fait la part belle aux problèmes amoureux mais avec un retournement à la Go ! Team qui voit les trompettes poser les questions et les tambours d’acier donner la réponse. Juste quand « Freedom Now» pousse la porte avec son jam instrumental à la OMG qui fera exploser vos haut-parleurs. Le morceau suivant déchire – avec un chœur ressuscitant Curtis Mayfield, on se retrouve propulsé dans la voix de Ninja sur « Pow », sans plus vouloir s’arrêter. En guise de démonstration de la passion du maître de cérémonie pour les voix d’autres chanteurs, combinées à sa technique d’enregistrement à la limite de la saturation, « I Loved You Better » se présente comme un défi lancé à son ex, expliquant exactement pourquoi Ian se sent foutu – avant le retour des tambours d’acier. Douce comme une fontaine à soda, arrive « A Bee Without Its Sting », protestation groovy au tambourin comme seul en est capable The Go ! Team. Le train musical nous emporte ensuite en plein film, dans un western balayé par le vent du nom de « Tame The Great Plains» , panorama polyrythmique plein d’espoir. Retour à la réalité, « World Remember Me Now » nous rappelle opportunément que si la routine de la vie s’empare de nous, on peut toujours compter sur The Go ! Team.

Le groupe a tenu la promesse d’offrir la plus rare des œuvres – une œuvre complète. En utilisant des ingrédients disponibles pour tous, ils parviennent à ne ressembler à personne. Ils sont The Go ! Team et si l’album Get Up Sequences Part One ne vous touche pas comme il m’a touché, tâtez votre pouls – vous êtes peut-être mort…

        – Don Letts