Searows

Death in the Business of Whaling

Sortie le 16 janvier 2026

Last Recording On Earth

Certaines musiques vous submergent comme une vague glaciale : elles sont si envahissantes qu’il devient difficile de distinguer où vous vous arrêtez et où commence l’expérience qui vous traverse. Death in the Business of Whaling, le nouvel album du compositeur originaire de l’Oregon Alec Duckart, alias Searows, appartient à ces œuvres qui vous imprègnent jusqu’à la moelle.

 

Évolution audacieuse par rapport à l’indie-folk de ses précédents albums, Whaling s’aventure vers les vastes étendues mégalithiques du shoegaze, du drone et de l’ère Undersea des Antlers, intégrant une multitude de nouveaux sons à la palette organique de Searows. L’album se présente comme un portrait saisissant d’un jeune artiste en pleine éclosion, mais aussi comme une méditation profonde sur la vie, la mort, l’incarnation et les liens invisibles qui unissent ces dimensions.

 

Ancré depuis toujours dans le nord-ouest du Pacifique, Duckart compose une musique façonnée par son environnement : le littoral spectaculaire, ses formations rocheuses imposantes dressées au-dessus des vagues, la grisaille tenace, la végétation foisonnante des forêts. Il écrit ses premières chansons à la guitare dès le collège et commence, à 16 ans, à publier ses morceaux sur SoundCloud et Bandcamp.

 

Lorsqu’il se met à partager des vidéos sur TikTok, Duckart se crée rapidement une communauté fidèle grâce à sa sensibilité intemporelle et à son lyrisme délicat. Des albums et EP comme Guard Dog (2022) ou End of the World (2023) l’imposent comme un conteur captivant, le menant à partager la scène avec Gracie Abrams et Ethel Cain. Avec Whaling, il revient avec une intensité cinématographique nouvelle, une série de chansons qui convergent comme des systèmes météorologiques au-dessus d’eaux grises et tourmentées.

 

Duckart commence à écrire les morceaux de Whaling en 2023. Avant même de cerner clairement le son de l’album, il se sent stimulé par une approche plus abstraite de l’écriture. Plutôt que de décrire des scènes autobiographiques, il utilise la fiction pour explorer des émotions et des idées plus diffuses.

 

« J’ai commencé à m’autoriser à écrire sur tout ce qui m’inspirait, sans me demander si cela révélait quelque chose de personnel de façon évidente », explique-t-il. Ses chansons prennent racine dans des images récurrentes : l’immensité insondable de l’océan, le Léviathan biblique, Jonas perdu dans le ventre de la baleine. À travers ces symboles, Duckart cherche à sonder le pont mystérieux entre la vie et la mort, et à comprendre comment ces deux états pourraient se confondre.

 

Le titre de l’album provient de Moby Dick d’Herman Melville : « Oui, il y a la mort dans cette activité qu’est la chasse à la baleine — un passage rapide et chaotique, qui laisse sans voix, d’un homme vers l’éternité. Mais alors quoi ? Je pense que nous nous sommes lourdement trompés sur cette question de la vie et de la mort… Je pense que mon corps n’est que le dépôt de mon être supérieur. » Duckart découvre ce passage en feuilletant des livres à la recherche d’un titre possible. « Ce que j’ai retenu, c’est que nous ne sommes pas seulement notre corps, notre être physique », dit-il. « J’en suis venu à considérer la vie et la mort comme deux étapes d’un même processus qui se prolonge à travers lui-même. »

 

Pour enregistrer l’album, Duckart se rend à Washington afin de travailler avec le producteur Trevor Spencer (Father John Misty, Mary Lattimore, Beach House) au Way Out Studios. C’est la première fois qu’il enregistre un album complet ailleurs que dans son propre studio. Cette collaboration avec Spencer l’aide à élever ses chansons à la hauteur de leurs ambitions thématiques.

 

Installé dans un Airbnb surplombant la rivière Sammamish, Duckart constate que le changement de décor favorise les virages dramatiques qu’il souhaite introduire dans le son de l’album. En confiant le mixage à Spencer et en étant incapable d’accéder aux morceaux une fois la journée terminée, il voit ses tendances perfectionnistes s’atténuer. « Si je ne mixe pas moi-même, je peux me consacrer à bien plus d’aspects créatifs », dit-il. « Abandonner ce contrôle m’effrayait, mais cela s’est révélé essentiel pour mon processus. »

 

La musique née de ces sessions avance comme un colosse dans le brouillard : à moitié dévoilée, à moitié engloutie, mais toujours impressionnante par son amplitude. Le morceau d’ouverture, « Belly of the Whale », laisse jaillir des accords de banjo traversant le bourdonnement d’une contrebasse à archet, tandis que la voix de Duckart s’élève avec une urgence murmurée. « Hunter » gronde, porté par des percussions fracassantes et des guitares massives ; la plus douce « Junie » serpente dans des nuages de réverbération enveloppante ; « Dearly Missed » oscille entre accords étouffés et distorsion débridée, alors que Duckart y décrit une personne qui se jette d’un pont dans une rivière sans jamais réapparaître. Les images se forment puis se dissolvent, tantôt concrètes, tantôt évanescentes, jusqu’à la dernière chanson, « Geese », où guitare et voix scintillent à travers une brume de Wurlitzer qui se dissipe lentement, comme si l’artiste tentait de rappeler quelqu’un au seuil de l’oubli.

 

Chaque chanson frémit d’une urgence presque intraduisible, faite de concepts et d’émotions qui se ressentent bien plus intensément qu’ils ne peuvent être formulés. « J’ai l’impression de ne jamais parvenir à expliquer mes pensées de manière satisfaisante », confie Duckart. « La musique est le seul moyen par lequel j’ai l’impression de vraiment communiquer. » Parfois, la façon la plus juste de partager un sentiment est de plonger et de voir ce qui remonte à la surface. Death in the Business of Whaling vous invite à cette immersion totale, guidée par un artiste convaincu du pouvoir transformateur des profondeurs. Lorsque vous remonterez à la surface, vous ne serez plus tout à fait le même.