Leo Blomov

Carpe Noctem

Sortie le 19 novembre 2021

Label Attitude

Préférer les mot-valises aux redondances de sonorités, tel est le credo de Leo Blomov, fusion entre l’homme du monde réel, Léo, et le personnage d’Oblomov imaginé par Ivan Gontcharov au milieu du XIXe siècle. Un personnage fainéant, léthargique, qui ne sort plus de chez lui, ne quittant pas son divan et toujours emmitouflé dans son éternel peignoir. Il préfère rêvasser, se remémorer une enfance confortable pour s’éloigner des problèmes banals de l’adulte responsable. Leo a pu être l’alter ego d’Oblomov à certains moments d’une vie qui est parfois sans horizon. Mais c’est bien Leo qui a réussi, quelques fois, à tirer du lit Oblomov pour l’aider à finir ses morceaux imaginés et rêvés des heures durant.

 

Après une longue maturation, le premier album de Leo Blomov, Carpe Noctem, sortira ce vendredi 19 novembre sur Label Attitude. L’album regroupe des chansons et trois morceaux instrumentaux composés entre 2017 et 2020. On observe tantôt des influences rétro, des références à la pop instrumentale et à la Library Music des années 1970, tantôt d’autres plus modernes, pouvant se rapprocher de la Chamber Pop actuelle. Leo Blomov, malgré son nom slave aux sonorités froides, compose ses morceaux en puisant parfois dans la chaleur et l’éclat brésilien de la bossa nova, ou dans la sunshine pop californienne. Ce dernier ne sort que rarement de chez lui, et sa musique de chambre est vouée au petit comité. L’intimisme et la discrétion recherchés, se traduisent visuellement dans la pochette imaginée et peinte par Anaëlle Rambaud. La salle de séjour à la décoration plutôt désuète invite l’auditeur curieux à s’asseoir sur sa banquette faiblement éclairée par la lumière nocturne.  « Carpe Noctem », « Cueille la nuit ». L’injonction d’Horace est prise à revers comme par esprit de contradiction.

 

Au dos du disque, on peut lire une description littéraire de l’album, de l’atmosphère générale et des thèmes abordés: « Quand on n’a rien fait de sa journée, il est difficile de trouver le sommeil. Le devoir solaire n’étant pas accompli, on se dit qu’en ne se couchant pas, on peut rattraper le temps perdu. Ou alors, dans le cas où l’on est sévère avec soi-même, on se dit qu’on ne mérite pas de dormir. Mais les marginaux assumés – parfois par misanthropie – préfèrent vivre quand les autres dorment, préfèrent fuir le grondement perpétuel et l’agitation ambiante. C’est pourquoi la nuit domine dans les thèmes abordés. Les repères spatiotemporels sont brouillés volontairement. L’orbe étoilée qui plane au-dessus des chansons suffit à nous éclairer sans trop dévoiler. La précision naturaliste serait dérangeante et trop lumineuse dans l’univers occulte et renfermé de cet « Orchidoclaste ». Trop de précision couperait l’herbe sous le pied de l’auditeur noctambule. Dans un monde où tout va trop vite, l’imagination s’évapore quelque peu. « Carpe Noctem » est une sorte de croisière à huis-clos, onirique et introspective, où le sens du texte n’a vocation qu’à être rassurant. Un retour à la lenteur, ne serait-ce pas le premier pas vers un retour à la raison ? Réfléchir, raisonner, imaginer, rêver, c’est s’arrêter, du moins c’est ralentir. Faire que le monde s’arrête un instant pour prendre du recul et laisser la terre redémarrer sa rotation de plus belle. Comme disait l’autre : « prendre du recul, c’est prendre de l’élan ». »