Hey Hey My My

High-Life

Sortie le 03 février 2023

Vietnam

A l’heure des algorithmes et des playlists soigneusement prévues en amont pour chaque moment de la journée, Hey Hey My My a choisi d’afficher, sur la pochette de son nouveau disque, un bon vieux transistor à l’ancienne. Pourquoi un transistor ? Précisément pour cela : remettre la curiosité, la découverte, la surprise, au cœur même de l’expérience de l’auditeur. La musique dans ce qu’elle a de plus précieux et de plus pur : la promesse d’une aventure. Vous tournez le bouton, et vous verrez bien où cela vous mène.

 

En l’occurrence, tout au long de ces treize nouveaux titres : dans des époques, des régions du monde et des rythmes aussi différents que complémentaires, qui passent d’une rêverie hippie en clair-obscur à un instrumental tout en descentes de basse et en montées de cordes façon Ennio Morricone, d’une relecture sucrée de la disco manière Cardigans à du country blues détourné en cours de route, d’un déhanché latino à une boucle de guitare africaine. Cela s’appelle High_Life, et c’est effectivement la grande vie : quarante et une minutes qui réussissent l’exploit de ne jamais sonner à la manière de, mais d’être, à l’inverse, cohérentes de bout en bout.

 

L’entreprise ramène à la méthode que pouvaient prôner, au tournant des années 90/2000, des artistes comme Beck, les Beastie Boys ou Geggy Tah : tout mélanger sans ordre ni hiérarchie, secouer très fort, boire d’un coup, et recracher le tout comme si c’était une langue maternelle, avec un sens mélodique qui laisse chaque fois toujours plus pantois –ce qu’on appelle le style. Cela n’étonnera pas les connaisseurs du groupe. Il y a plus de quinze ans, Hey Hey My My et son nom emprunté à des paroles de Neil Young se révélait au grand public par la grâce d’un premier album (Hey Hey My My) qui planait très au-dessus du revival folk français. Trois ans plus tard, le groupe bifurquait déjà, refusant le cocon hippie chic dans lequel le succès l’avait installé, le temps d’un second album beaucoup plus rock et judicieusement intitulé A Sudden change of mood. Depuis cet acte d’indépendance, les deux Julien qui forment Hey Hey My My –Julien Garnier et Julien Gaulier– n’ont plus fait que ce qu’ils voulaient faire: du surf, beaucoup de surf, pour le premier ; des enfants, pour le second ; une pause de dix ans avant de sortir un troisième disque (British Hawai) pour les deux ; et aujourd’hui, donc, cet High_Life en forme de feu d’artifice jouissif.

 

Pour donner vie au disque, les deux hommes ont aussi fait de la place, le temps d’accueillir quelques invités de marque. Parmi eux: le poète canadien Zachary Gaviller, qui a participé à l’écriture de certains textes (High Life, Amber Alerts, My Friend), l’arrangeur Vincent Artaud (The Artist), qui a prêté son talent de compositeur de BO pour les cordes de Dal Canale, ou encore l’ingénieur du son Romain Clisson (Peter Von Poehl, Gaël Faye), qui a enregistré le disque, pensé comme un contre-pied à l’angoisse de l’époque.

 

Et maintenant, ne reste plus qu’à tourner le bouton.