Sur son premier album Beginners, le compositeur-interprète de Los Angeles Christian Lee Hutson inclut chacune de ses paroles à son monologue intérieur le plus intime, partageant de douloureuses confessions et des private jokes, des conversations imaginaires et des rêveries détaillées. L’album, produit par Phoebe Bridgers, amie et collaboratrice de Hutson, met en avant un savoir-faire nuancé dans la composition de chanson et une candeur discrète qui effacerait presque l’écart entre les sentiments et l’expression. Au travers de cette série de chansons, Hutson livre en fait une vérité éclairante sur les regrets et le pardon, et l’infinie confusion que l’on ressent en grandissant.

« J’ai choisi le titre Beginners parce que j’ai l’impression de débuter dans ma vie – je continue d’apprendre et d’essayer de comprendre comment vivre dans ce monde », explique Hutson.

Hutson et Bridgers ont enregistré Beginners aux célèbres Sound City Studios de Los Angeles, mais ils ont choisi de préserver la qualité fait maison des démos enregistrées sur le téléphone portable de Hutson. « On a commencé avec mes démos voix pour toutes les chansons, puis on a cherché ce qu’on pouvait ajouter, plutôt que de se lancer avec une grande idée de ce qu’on voulait obtenir », se souvient Hutson. « Phoebe et moi avons la même façon d’écrire la musique, ce qui a facilité les choses pour partager et développer nos idées. » Beginners extrait ses textures subtiles de la voix chaude et de la guitare élégante de Hutson, et il dévoile des éclats soniques brillants grâce à ses musiciens invités – dont Bridgers elle-même, aux côtés de Nathaniel Walcott de Bright Eyes (qui a créé les arrangements de cordes de l’album, et qui a également joué de la trompette).

Sur le lead single doux et poignant « Lose This Number », Hutson révèle l’un de ses plus grands talents de compositeur : une rare capacité à habiller ses paroles d’une myriade de détails caractéristiques, tout en gardant un narratif suffisamment fuyant pour que celui ou celle qui l’écoute puisse avoir sa propre interprétation. Tout au long de la chanson – inspirée par une histoire difficile arrivée à un proche que Hutson interprète comme « savoir qu’on a vraiment déconné et qu’il est trop tard pour rattraper la situation » –, sa narration est piquée de tournures incisives (“It’s like I was born on the back of a bullet/With your name written on it”).

Un album imprégné d’une mémoire extrêmement vive, Beginners évolue entre nostalgie et humour timide sur « Northsiders » – une chanson sur « toutes les postures qu’on prend au lycée parce qu’on ne sait pas encore qui on est », selon Hutson. Sa réflexion souvent déroutée sur le fait de grandir à Los Angeles devient « ces histoires répandues d’enfants que je connaissais qu’on envoyait en rehab très jeunes » sur « Seven Lakes ». Et avec « Get the Old Band Back Together », l’humeur de Beginners devient étrangement joyeuse tandis que la chanson prend lentement la forme d’un chœur épique qui se moque du propre orgueil d’ado de Hutson.

Cet originaire de Santa Monica a commencé la guitare à 12 ans et s’est rapidement enregistré sur un quatre pistes dans sa chambre, en grande partie inspiré par les aspirations DIY d’artistes comme Elliott Smith. L’univers de Hutson s’est considérablement étoffé depuis cette époque, puisqu’il a co-écrit une chanson sur l’EP de 2018 de boygenius, et deux chansons en 2019 sur le premier LP de Better Oblivion Community Center (Hutson est parti en tournée avec eux à la fois en tant que guitariste et première partie). L’année dernière il a assuré les premières parties de plusieurs artistes donc Julia Jacklin et Okkervil River.

Avec la sortie de Beginners, Hutson espère que le public trouvera du réconfort dans sa transparence émotionnelle délibérée. « Je veux que les gens se disent que tout va bien : nous sommes tous constamment en train de merder ; on ne fait qu’apprendre, que vivre, et tout ira bien », dit Hutson. « Je ne suis même pas sûr d’y croire totalement, mais c’est cette voix que j’ai toujours voulu entendre dans ma vie. »