Jonathan Bree

After The Curtains CLose

Sortie le 17 juillet 2020

Cargo Records

Sur le quatrième album de Jonathan Bree, After the Curtains Close, la pop instrumentale caractéristique du producteur néo-zélandais prend quelques virages inattendus à la fois en termes d’expérimentation et en s’aventurant sur un territoire kitsch habité par quelques-uns de ses héros français des années 1960. C’est un album toujours marqué par l’ADN musical de Bree tout en étant fun et varié. On peut le qualifier de « sordide », et de disque de rupture. Bree, à la suite d’une rupture, se dévoile et nous raconte une année de solitude et de traumatisme tout en canalisant des sensations positives via le sexe et la dépravation dans sa musique, des sujets en général réservés aux célibataires. Bree trouve un bel équilibre entre l’obscurité et la stupidité, sans se montrer sarcastique, contrairement à d’autres artistes qui auraient joyeusement franchi la ligne.

La voix de Bree se prête à toutes sortes de styles, sa voix de crooner saute des octaves et tout le reste sur les douze titres de l’album, et il chante même ses propres chœurs avec un falsetto enfantin (« Heavenly Vision »).

Le titre d’ouverture « Happy Daze » est un rayon de soleil, un mur de cordes qui célèbrent le fait de ne plus penser à rien quand on est dans les bras de son amant. Le premier single « Waiting on the Moment » a été décrit comme une chanson festive de rupture, avec des paroles cyniques et un peu méchantes sur fond d’arrangements pop très dansants façon années 1980 (“Now I’m just Waiting on The Moment when it’s depressingly clear that we’re finally through, no chance of reconciliation then I’ll swipe right until the hurt has left me too”).

Bree célèbre les nouvelles rencontres amoureuses avec des chansons fun à l’orchestration pop et pleines de doubles sens (« Heavenly Visions », « Kiss My Lips » feat. Princess Chelsea, « 69 » feat. Crystal Choi). Jamais son talent pour la composition dédiée aux voix féminines n’a été si évident depuis sa collaboration avec The Brunettes. Britta Phillips (Luna) prend les commandes sur « Meadows in Bloom », une histoire tragique inspirée de Shangri-La qui parle des conséquences à coucher avec le batteur (“who made her laugh but won’t abide two pink lines”). « Until We’re Done » est sans doute le tout premier tube dancefloor de pop orchestrale aux paroles chart-pop modernes sexualisées posées sur un arrangement qui sonne comme un titre psychédélique et bizarre dans un night-club de film d’horreur.

Sur « Children », Bree se sent vieux et dépassé entouré de jeunes dans un club (“The kids don’t want you around you’re not welcome, your friends have moved to the burbs to raise chilllllllddddreeeen”). Sur le titre phare de l’album, « In The Sunshine », Bree se montre vulnérable, assailli de doutes quant à une réconciliation amoureuse sur un groove mid tempo de synthés, d’omnichords et d’envoûtants arrangements de cordes des années 1970.

L’album se termine avec « After The Curtains Close », un titre qui aborde la solitude de l’artiste qui a sacrifié l’amour pour sa carrière narcissique, adulé par les flagorneurs. Lorsque l’ambiance devient trop sombre les chœurs arrivent : “Honey don’t despair, she’s still out there.” Ces paroles sont un clin d’œil au Bachelor australien Nick Cummins, surnommé « The Honey Badger ». A la fin de la saison 6, The Honey Badger a terriblement déçu le public en ne choisissant personne et en quittant l’émission seul. (“I came here for a chance at love, but I’m going to have to start again. She’s out there.”)

Peut-être Bree s’identifie-t-il au Honey Badger – toujours présent pour divertir, mais finalement seul.