Eje Eje

Primordial Soup

Sortie le 03 octobre 2025

Batov Records

Itamar Kluger, fondateur et multi-instrumentiste des Şatellites, revient avec Primordial Soup, deuxième album de son projet solo Eje Eje, publié chez Batov Records. Plus aventureux que son prédécesseur, le disque multiplie les passerelles entre Orient et Occident et confirme un artiste qui refuse toute étiquette.

 

Avec les Şatellites, groupe nourri de rock psychédélique turc et de grooves orientaux, Kluger a conquis un public international, soutenu par KEXP à Seattle, BBC Radio 6 Music ou encore FIP en France. En 2023, il se lance en solo avec Five Seasons, où il joue la plupart des instruments et affirme une identité singulière : une fusion de musiques méditerranéennes et moyen-orientales avec des influences psychédéliques, funk, dub et électroniques. L’album lui ouvre de nouveaux horizons, relayé notamment par BBC Radio 2 et Songlines.

 

Un an plus tard, Primordial Soup pousse cette recherche encore plus loin. Auto-enregistré en grande partie, l’album marie précision en studio – qui évoque DJ Shadow ou les débuts de Four Tet – et performances brutes. Kluger y explore cordes, percussions, claviers (dont un modèle microtonal idéal pour les gammes orientales) tout en s’entourant d’alliés fidèles, comme le batteur Raz Man (Sababa 5, Şatellites, Project Gemini).

 

Le titre de l’album renvoie à la théorie scientifique de la « soupe primordiale », origine supposée de la vie sur Terre. Mais il reflète aussi une quête personnelle, à la fois philosophique et créative. « J’ai parfois encore l’impression que nous ne sommes qu’une soupe ambulante enfermée dans un ballon de peau », confie Kluger. L’album, conçu dans une période difficile, a été pour lui un exutoire vital : « Faire ce disque était une nécessité pour rester sain d’esprit ».

 

Musicalement, Primordial Soup assume sa densité et son éclectisme. Le disque s’ouvre sur Oyun Çorbası’, son nouveau single, cocktail ludique de folk turc et d’indie rock, mené par un riff de baglama et un groove tendu. Plus loin, The Bride, enregistré avec le flûtiste et percussionniste Elad Kimhi, convoque l’esprit des mariages libanais dans une énergie de dancefloor, entre tradition et synthés orientaux sur groove funk. Dans la même veine festive, ‘Puzmak’ embrase les cuivres moyen-orientaux et les percus lourdes pour un résultat calibré pour les clubs.

 

À l’autre extrémité du spectre, Horrorizon impose une ambiance sombre et cinématographique. Sur des percussions lancinantes et une basse hypnotique, le morceau évoque un futur menaçant, comme un cauchemar psychédélique à la DJ Shadow. Kluger le décrit comme une chanson de voyage, « une calèche cahotant sur une route boueuse vers une nuit inconnue ».

 

Avec Primordial Soup, Eje Eje confirme son goût pour l’hybridation et l’expérimentation. Une œuvre dense, parfois lumineuse, parfois inquiétante, mais toujours habitée par l’urgence créative d’un artiste qui refuse de choisir entre héritage et modernité.