Cubzoa, pseudonyme artistique de Jack Wolter, membre du groupe Penelope Isles, tire son nom du Cubozoa, la méduse boîte venimeuse, une « petite bête de la mer ». Une image qui reflète parfaitement Jack et sa musique solo. Cubzoa remonte à 2014-2015, avec deux albums DIY publiés sur Bandcamp, qui ont posé les bases du son néo-psychédélique de Penelope Isles.

Le renouveau de Cubzoa s’est manifesté avec le magnifique et brumeux ‘I Dreamed A Beach’, publié en février 2025 sur Bandcamp et YouTube, accompagné d’une session live cinématographique en noir et blanc filmée dans l’imposant immeuble art déco en bord de mer de l’ancienne résidence de Jack à Brighton. Ce soin obsessionnel apporté au visuel est devenu une véritable marque de fabrique : chaque morceau est accompagné de séquences filmées et d’archives minutieusement assemblées pour compléter parfaitement le son.

Unfold In The Sky a permis à Jack de retrouver la concentration nécessaire pendant le confinement lié à la Covid, dans la maison familiale en Cornouailles. Bien que ces chansons n’étaient pas destinées à Penelope Isles, Jack a persévéré, terminant l’album à Brighton, au contact de la mer, qui coule profondément dans l’ADN du disque. Les références à l’océan sont omniprésentes : les chutes sous-marines de ‘Mid Air Collider’, l’océan impitoyable de ‘I Dreamed A Beach’, et les « vagues et courants » de ‘Chewin On My Lips’.

Les paroles aquatiques trouvent un écho dans les sons, avec des riffs et des textures électroniques qui oscillent librement entre mer et ciel, où l’intime devient universel. Pour construire l’album, Jack a utilisé des synthétiseurs vintage, s’inspirant à la fois des frères Hartnoll d’Orbital et des garçons de Toydrum, avec qui il partage un studio.

L’album a d’abord connu des débuts difficiles, Jack peinant à se démarquer du son caractéristique de Penelope Isles. « Ce n’est que lorsque j’ai baissé ma garde que les choses ont vraiment commencé à se mettre en place », se souvient-il. « Cubzoa étant un projet parallèle, il n’y avait aucune pression, et j’ai pu laisser les chansons évoluer avant de décider des versions finales. Je suis très satisfait du résultat. »

Le morceau phare, ‘Turtle’, qui dépeint les changements de saison à Brighton, s’inspire du groove d’une chanson de Tortoise. L’influence directe d’un set marquant de Bicep à Glastonbury en 2022 se ressent tout au long de l’album, notamment dans ‘Dance With Me’, au battement sombre et obsédant.

Cette polarité sonore se retrouve dès l’ouverture avec ‘In 2 Worlds’, où mécanique et orchestral s’affrontent « à l’intérieur d’un véhicule spatial voyageant entre deux univers opposés », l’intro étant parlée par Anna B Savage, amie et auteure-compositrice-interprète. D’autres collaborateurs de longue date ont également apporté leur soutien : Graham Walsh (Holy Fuck) au mixage, dont les choix texturaux ont fait ressortir les éléments électroniques et organiques, et Katie Tavini, dont le mastering a renforcé le son synthétique.

Le synthétique, sous forme de boucles et de tourbillons, est également au cœur de ‘Buckle Up’, marqué par une paranoïa frénétique et un sentiment d’urgence. Ce morceau a été écrit « en réponse aux moments difficiles que les artistes ont traversés dans le monde entier pendant la pandémie ».

La Covid a également inspiré le titre de clôture, une composition électro-acoustique tendre écrite pour Lily, sa sœur et autre moitié de Penelope Isles. Commencée par « You’ll be okay, little flower », la chanson se présente comme une lettre d’amour remplie d’espoir, dans un contexte de travail artistique bouleversé par la pandémie.

L’album place ainsi Jack exactement là où il se trouve aujourd’hui : épanoui en tant que créateur indépendant tout en faisant face aux pressions externes et internes. Selon lui : « Se dérouler dans un espace… démanteler quelque chose pour mieux le comprendre, observer ses imperfections et ses espaces cristallins. Ce processus m’a permis de rester immobile, confortablement piégé dans l’incertitude. »