Bibio

Sleep On The Wing EP

Sortie le 12 juin 2020

Warp

Un peu plus d’un an après son dernier album Ribbons, Bibio revient avec un EP de dix titres, Sleep On The Wing, qui sortira le 12 juin sur Warp Records. Cette nouvelle sortie suit le schéma de travail de l’artiste : un album puis un EP pour explorer des territoires musicaux similaires. On retrouve des influences familières, folk traditionnelle, paysages sonores paisibles à l’atmosphère particulière, prises de sons naturels en extérieur. Encore une fois Stephen Wilkinson nous fait la démonstration de l’étendue de son talent musical, jouant de plusieurs instruments différents, dont les cordes qui donnaient sa couleur à Ribbons, et proposant quelques nouvelles associations.

Façonné au cours de l’année dernière, à quelques exceptions près liées aux anciens travaux de Bibio, l’EP Sleep On The Wing est une pièce majoritairement musicale habitée de profondes mélodies atmosphériques, traduisant l’évasion dans le monde rural, la réflexion et la mélancolie. Le processus d’écriture de cet EP, enregistré dans le home studio de Bibio dans la campagne britannique, a débuté de la même manière que pour ses albums précédents, par un riff de guitare transformé en un paysage riche et texturé, chacun des instruments ajouté l’un après l’autre. « Quand j’écris un nouveau morceau, je chante les mélodies (souvent en yaourt) pour essayer de trouver des paroles qui correspondent à la mélodie et au rythme, et là un groupe de mots se détache, et c’est lui qui établit le thème de la chanson. Quand j’ai pensé à l’expression “Sleep on the wing”, ce n’était pas seulement des paroles, c’était comme un titre, un thème », explique Wilkinson.

Sur « Sleep on the Wing », titre d’ouverture et premier single, un doux thème mélodique pincé et frotté transcrit l’énergie insouciante avec laquelle il s’échappe vers les paysages campagnards décrits dans les paroles, chantant l’espoir face à quelque chose de douloureux ou tragique, et portés par les harmonies douces-amères de l’orchestration. Son titre, ses paroles, inspirés par la capacité du martinet à dormir pendant qu’il vole, sont illustrés dans une magnifique vidéo animée de Sonnye Lim. Bibio raconte : « En termes de paroles, la chanson a deux aspects pour moi : l’idée d’être endeuillé et, grâce à l’espoir, de pouvoir prolonger la vie de quelqu’un qui n’est plus, en se donnant la permission d’être inspiré par ce que cette personne a accompli et a laissé derrière elle, ses paroles, le savoir qu’elle a partagé, ou encore les choses qu’elle a faites. L’autre aspect de la chanson est sans doute plus franc, et parle du fait de s’échapper de la ville pour trouver la paix à la campagne, mais le titre est une célébration du rêve et du pouvoir libérateur de la création plutôt qu’une évasion physique. »

Sur « A Couple Swim », les cordes éclaboussent avec douceur et plantent le décor merveilleusement nostalgique introduit par le titre. Bibio s’explique sur ce titre écrit à l’origine pour une scène de film : « Le réalisateur a finalement choisi une bande originale orchestrale traditionnelle, mais l’avantage c’est que je me suis retrouvé avec une base nouvelle créée d’une façon inédite pour moi – via un stimulus extérieur. J’ai toujours adoré ce morceau, et je voulais lui trouver un foyer, cet EP était idéal. »

Creusant un terrain un peu plus sombre, le répertoire louche de « Crocus » prend le contrôle, ses formes particulières contrastent de manière spectaculaire tandis qu’elles flottent et se tordent aux côtés de la mélodie dans le style baroque de « Awpockes », inspiré par les études de Bibio des suites pour violoncelle de Bach.

Les morceaux comme « Otter Shadows » et « Watching Thus, The Heron is all Pool », qui ferment le disque, sont plus proches du travail de ses débuts, et ravivent des émotions ressenties dix ou quinze ans auparavant. A propos du sens du dernier titre de l’EP : « Il s’est limité à un morceau de guitare pendant longtemps, et je n’avais jamais enregistré une version satisfaisante jusque-là. En composant le thème mélodique principal, en jouant l’alto, en faisant renaître la partie guitare, cette dernière version s’est rapidement mise en place. »

L’artwork du célèbre illustrateur Chris Wormell a été développé avec Bibio, puis sorti en linogravure par Chris. « J’en ai eu l’idée en réfléchissant au titre. L’oiseau – le martinet – peut apparemment dormir pendant son vol, et passe plus de temps à voler que n’importe quel autre oiseau. C’est réellement une créature d’air, le ciel est son habitat. Je voulais que l’artwork illustre le monde tel que le martinet le voit. Le paysage devait absolument être typiquement anglais, parce que le paysage rural anglais a toujours été une source intarissable d’émerveillement pour moi, et le sentiment que je tente de provoquer dans ma musique provient en grande partie de ce désir d’être au cœur de ses qualités uniques. Je cherchais un illustrateur pour représenter cette idée, et après quelques discussions avec Warp, on m’a suggéré Chris Wormell. J’ai consulté son site internet et je suis tout de suite tombé amoureux de son travail, un travail non seulement esthétiquement parfait pour ce que j’avais en tête, mais également très lié à la campagne britannique. Chris a réalisé une linogravure de la couverture et en a fait une impression qui a ensuite été utilisée pour la pochette. »

Comme sur Ribbons, la nature autour du studio se répand à l’intérieur, elle devient la source où la musique puise son essence tandis qu’elle se déploie. Ce nouvel EP nous offre une étude en profondeur de l’orchestration et des sentiments qui ont habité cette année écoulée, tout en retournant auprès d’œuvres passées, toujours aussi poignantes dix ans après leur composition.