Thomas Azier

Love, Disorderly

Sortie le 12 juin 2020

Fuga

Au bout de douze ans de carrière, Thomas Azier se trouve à un croisement particulier avec son nouvel album, Love, Disorderly. Une lutte acharnée se déroule au sein de chacune des huit chansons éclectiques de l’album, chargée d’une juxtaposition d’un passé précis, d’un avenir ouvert et d’un présent versatile. « Je suis convaincu que la musique pop a un grand pouvoir, et qu’elle peut contribuer à partager des observations et des messages », explique Azier, en référence à ses trois précédents albums emplis d’une pop entraînante et de ballades. Mais aujourd’hui sur Love, Disorderly le charme inhérent de sa musique s’accompagne des notions d’impact socio-politique, d’expression libre et d’expérimentation intrépide.

La musique d’Azier est plus ouverte, elle s’inspire de la photographie et du cinéma pour modifier ses structures et ses intentions. Dès le début de l’album, le title track « Love, Disorderly » tourbillonne d’une manière dissonante avant de s’ancrer dans son rythme sautillant, ses cordes marquées et ses explosions sonores. Et dans son clip proche du documentaire constitué d’images tournées dans le monde entier, un sentiment d’exubérance chaotique de vie et de connexions fragiles émerge. Lorsque la voix d’Azier apparaît au milieu du titre, il paraît transformé – à la manière d’un frissonnant Alan Vega plutôt que du troubadour pop des précédentes années.

Comme nous le montre ce premier titre, Azier veut partager quelque chose de différent sur Love, Disorderly. « Je trouve que cette musique montre un autre chemin pour moi. J’ai trouvé un nouveau sens de l’abandon, qui a inspiré les idées en studio. » « Hold on Tight » atteint un sommet avec ses accords mélancoliques au synthé et ses éclats de cordes réguliers, tandis qu’Azier fait monter sa voix de ténor dans un poignant crescendo. Des chansons comme « Freed from Desire » et « Entertainment » versent dans le côté sombre et agité de la pop entrelacée d’une austérité post-punk. La voix d’Azier est, comme d’habitude, sur le devant de la scène, surtout sur le titre « Concrete » et le superbe « For Tsoy ».

« Le fait que nos téléphones et nos ordinateurs soient des fenêtres douteuses sur le monde me passionne », raconte Azier à propos des thèmes abordés sur Love, Disorderly. Par exemple sur le grondant « If There’s a God », où Azier chante pour les avatars et les images qui encombrent notre vie quotidienne. « Les journaux télévisés me stimulent autant que les réseaux sociaux ou les divertissements. Je me penche sur mes réactions – la peur, l’enthousiasme, la torpeur. » Azier explore au plus profond ces expériences afin d’ancrer cet album dans le moment présent, que les vidéos qui l’accompagnent reflètent dans leurs aperçus crus d’une humanité incroyablement ordinaire. La carrière d’Azier et ses ambitions futuristes font de Love, Disorderly un album à la fois éternel et naturellement contemporain.