The Wave Pictures reviennent avec Gained Lost, un album où se croisent le garage rock des années 60, le rock classique des années 70 et l’indie américain des années 90. Fidèle à son esprit DIY, le trio cultive depuis près de trois décennies une même liberté de ton. Tout au long du disque, David Tattersall (guitare, chant), Franic Rozycki (basse) et Jonny Helm (batterie) célèbrent la joie de jouer ensemble : une alchimie rare qui a fait d’eux l’un des groupes cultes les plus durables de Grande-Bretagne.

Les paroles de Tattersall ressemblent à des cartes postales venues d’un lieu où les souvenirs se morcellent et où les rêves comblent les fissures. Elles reflètent à la fois l’enfant qu’il fut, l’homme qu’il est et l’observateur qu’il devient, regardant la vie par la fenêtre d’un voisin. Suspendues au-dessus des guitares et de la batterie, ces images poétiques évoquent les silhouettes flottantes d’un tableau de Chagall. Chez The Wave Pictures, le quotidien retrouve toujours la part de magie qu’il mérite.

La pochette, signée Tattersall, rend hommage à Robert Frank et à Exile On Main Street. On y voit se mêler des images d’enfance, des photos récentes du groupe et toute une galerie de personnages : vieilles affiches de films d’horreur, footballeurs d’autrefois, fragments d’un imaginaire qui irrigue aussi leur musique.

L’album s’ouvre sur ‘Alice’, un paysage onirique inspiré de Burroughs. ‘Sure and Steady’ sonne comme du Lou Reed élevé dans les East Midlands. ‘Past The House Painted Blue’ évoque la douceur colorée d’un Matisse, tandis que ‘You’re My Patient Now’ mêle l’univers de Raymond Chandler à l’énergie brute de Link Wray. Chaque morceau, empreint de poésie et de vitalité, incarne la force vive de Gained Lost.

Enregistré en sept jours au début de 2024 par Jim Riley aux Ranscombe Studios de Rochester, l’album poursuit la collaboration fructueuse amorcée sur Great Big Flamingo Burning Moon et Bamboo Diner in the Rain. Riley saisit le groupe tel qu’il aime se présenter : en direct, sans filtre, avec cette intensité immédiate qui fait leur signature.

Le jeu de guitare de Tattersall se distingue par son inventivité, sa mélodie et son émotion. Par moments aussi lyrique que celui de Jerry Garcia, ailleurs aussi affûté que celui de Tom Verlaine, il reste toujours au service de la chanson. Pas étonnant que Marc Riley le considère comme « le plus grand guitariste de sa génération ».

Avec Gained Lost, The Wave Pictures atteignent une nouvelle forme de maturité : une synthèse d’esprit, de savoir-faire et de joie.