The Tell

Somewhere Right Now

Sortie le 18 juin 2021

Reclaim!

« Woke up and the streets were empty… Two smiles and a cup of coffee for the road / This could cure anything / That’s what I’m told » (« Je me suis réveillé, les rues étaient vides… Deux sourires et puis une tasse de café pour la route / Ça pourrait tout guérir / C’est ce qu’on me dit ») – « Somewhere Right Now »

The Tell est une collaboration entre le musicien de Las Vegas Noah Dickie, chanteur et songwriter du groupe indépendant Coastwest Unrest, et le compositeur, producteur et multi-instrumentiste installé à Los Angeles James McAlister (Sufjan Stevens, The National, 37d03d). Leur collaboration a démarré il y a bientôt trois ans, sous ce nom – The Tell – dont le double sens renvoie au comportement d’un joueur de poker (dont le visage est tout sauf impassible) et au récit acoustique conté dans Somewhere Right Now. Entre désespoir total et bien-être, ce voyage sonore s’appuie sur la musique et sa fabrication pour tenter de guérir nos blessures tant psychiques que physiques.

« There’s a story being told / Do you want to be part of it / And there’s a story being sold / Do you want to be a part of it » (« On raconte une histoire / Veux-tu en faire partie / On en vend une aussi / Veux-tu en faire partie ») – « Clap Clap »

Bien que conçues avant la pandémie, les huit chansons de Somewhere Right Now représentent un nouveau départ stylistique pour Dickie. Plutôt que de prendre vie comme des chansons folk sur une guitare acoustique, la musique a pris un tour plus expérimental dans son studio personnel, avec un matériel hors des sentiers battus mariant outils électroniques et synthétiseurs, « un autre style de pinceau », sans bien savoir si le matériau conviendrait pour Coastwest. Le résultat combine les racines folk de Dickie et son art consommé de la chanson à texte, avec les paysages sonores tentaculaires et vrombissants de McAlister, pour aboutir à un monde intérieur pleinement accompli qui reflète incidemment la pandémie à laquelle nous avons tous été confrontés au cours de l’année passée.

Somewhere Right Now nous emporte dans un voyage intérieur métaphysique et empli de magie bienfaisante. Parmi les contributeurs on retrouve le frère de Noah (et partenaire de Coastwest) Josh Dickie à la batterie (sur « Love Blood, California » et « Outgrown »), le multi-instrumentiste nominé aux Grammy Awards Tyler Chester (Andrew Bird) et le musicien, producteur et ingénieur de Seattle Luke Vander Pol (Deep Sea Diver), à la basse sur « Love Blood California » et « Outgrown ». Le studio de Chester, à Burbank, a servi pour poser les bases de l’album ainsi que pour enregistrer les paroles de Dickie sur deux chansons. Le reste a été enregistré et élaboré par Dickie et McAlister dans leurs studios respectifs. La touche finale étant apportée par Yuuki Matthews (The Shins) qui a mixé le disque, avant le mastering, réalisé par Brian Lucey (Black Keys, Dr. Dog).

« There is nothing missing / Everything’s in your heart » (« Il ne manque rien / Tout est dans ton cœur ») – « Nothing Missing »

Et tandis que Somewhere Right Now a été amorcé avant le premier confinement, on ne peut s’empêcher d’en ressentir les effets dans ses paysages synthétiques en mineur claustrophobiques et insulaires. Ceux-ci évoquent largement l’isolement, la mise à l’écart caractéristiques de la période de confinement, avec une teinte d’espoir dans un avenir meilleur. Des morceaux comme « Burning » et le semi-autobiographique « Love Blood, California » parlent de convoitise, de regret et, plus profondément encore, d’aventure, tandis que « KT », enjoué et ludique (« Let’s go to the ocean / And sink in the water », « Allons jusqu’à l’océan / Et laissons-nous couler ») explore le désir d’évasion et de liberté. « Nothing missing » suggère que nous portions notre regard vers l’intérieur plutôt que vers les objets extérieurs pour trouver notre bonheur, et le morceau final, « Outgrown », parle de mue, d’avancée, de croissance.

Dickie a formé Coastwest Unrest en 2009 avec son frère aîné Josh à la batterie. Ensemble ils ont sorti une série d’albums indépendants sur leur propre label, Reclaim Records. Le dernier, The Crazed Ones, faisait coïncider en 2017 les sables désolés du désert et les néons extravagants de la BD Sin City pour trouver un délicat équilibre entre Americana originelle et punk-folk minimaliste. McAlister, batteur sur les concerts de The National et programmeur très recherché, a travaillé avec Aaron Dessner de ce même groupe (notamment sur les deux derniers albums de Taylor Swift) et Sufjan Stevens. McAlister sort en ce moment un album solo sur le label principal de Bon Iver, qui est aussi celui de Justin Vernon et de Dessner, le prestigieux label 37d03d. Parmi ses récentes réalisations, on trouve ses contributions à a musique de trois films nominés aux Oscars, The Big Sick, The Two Popes et Call Me by Your Name, ainsi que sa collaboration en 2017 avec Stevens, Nico Muhly et Bryce Dessner pour l’album Planetarium, sorti chez 4AD.

« You’ve taken everything / But you can’t take these thoughts from me » (« T’as tout pris / Mais tu peux pas me prendre ces pensées ») – « Thoughts and Everything »

Riche de ses strates multiples, Somewhere Right Now offre un émerveillement propre à la condition humaine et une bascule du point de vue permettant d’apprécier la beauté et la majesté de ce monde ainsi que notre place en son sein. Cet album peut être considéré comme l’antidote parfait à notre époque, alors que nous trébuchons des ténèbres vers la lumière au sortir d’un long tunnel. Somewhere Right Now célèbre la beauté et la magie du geste créateur, ultime principe unificateur dans un monde menaçant de se défaire.