The Phoenix Foundation

Friend Ship

Sortie le 16 octobre 2020

Memphis Industries

The Phoenix Foundation a vécu plusieurs vies : lycéens accros à la distorsion, explorateurs du folk indé, maîtres du motorik. Cinq ans ont passé depuis leur dernier album, Give Up Your Dreams, mais ce temps a été bien employé. Le groupe néo-zélandais a écrit, enregistré, tourné avec un orchestre symphonique, créé la bande-originale à succès du film A la poursuite de Ricky Baker (Hunt For The Wilderpeople), de Taika Waititi. Ils ont aussi composé des partitions pour des installations de réalité virtuelle, produit d’autres groupes et (activité la plus adaptée au confinement) pratiqué la cuisson du pain au levain.

Lentement, quand c’était possible, les six vieux amis trouvaient le temps de travailler ensemble dans des studios, des garages, des forêts et des hangars, pour rassembler les dix chansons concises qui composent Friend Ship. « Nous avons fait une si longue pause après Give Up Your Dreams que lorsque nous avons décidé de faire un nouvel album, nous avons tous senti qu’il fallait qu’il soit très différent », déclare Samuel Flynn Scott, l’un des chanteurs du groupe. « Pour moi, cela signifiait revenir à quelque chose de plus concentré. Maîtriser les chansons avant de nous plonger dans les arrangements et les sons bizarres. » Et les résultats reflètent également cette approche. Alors que Friend Ship jongle parfaitement entre la pop introspective onirique, les grooves étirés et le rock psychédélique, l’album existe également comme une collection de chansons magistralement conçues.

Et tout comme le groupe est capable de se glisser avec bonheur dans de nombreux genres, des invités ont également apporté leur contribution par leurs styles et leurs voix très variés. Nadia Reid, Hollie Fullbrook de Tiny Ruins, Dave Dobbyn, Anita Clark et le New Zealand Symphony Orchestra sont tous présents. La collaboration occupe une place clé dans le disque, non seulement en raison de la valeur et de la personnalité qu’apporte chacun des contributeurs à sa performance, mais aussi parce que l’album prend ses racines dans l’amitié. L’album en porte bien sûr le nom. « Le titre fait référence à ces amitiés qui ne sont pas des interactions sociales passives, mais des navires vivants en constante évolution qui nous portent à travers la vie, dit Scott. Après les attaques de la mosquée de Christchurch, c’était quelque chose auquel je pensais beaucoup, ce sentiment que pour progresser en tant qu’humains, nous devons en fait nous soutenir activement. »

Le rôle des relations au sein du groupe est également devenu crucial. « J’ai commencé un groupe avec mes meilleurs amis, et c’était ce groupe », chante Lukasz, dans des boucles acoustiques à la guitare et des harmonies subtiles sur « Former Glory », un morceau qui plonge dans le passé pour explorer sa propre expérience d’immigrant. « Nous avons connu tellement de hauts et de bas sur cet album, qu’il est devenu cette chose étrangement belle où nous nous retrouvions en tant que copains, dit Scott. Ça a aidé à maintenir l’élan en tant que groupe »

Cependant, alors que l’album est beau et souvent tendre, parfois enraciné dans des paysages sonores immersifs et oniriques, il capte également l’étrangeté du monde moderne. « Les angoisses contemporaines ont commencé à émerger dans mes chansons, dit Scott. L’album est une sorte de lettre d’amour post-apocalyptique du futur au présent. Il plonge son regard dans le passé, vers ces liens humains que nous avons perdus dans notre existence centrée sur les écrans. »

Tout comme beaucoup de choses dans l’univers de The Phoenix Foundation, le nouveau disque est tout en nuances, pluriel, à part, singulier. Et c’est pourtant un autre album, dans leur discographie de plus en plus vaste, qui existe selon ses propres codes. « Je ne sais pas trop comment nous avons réussi ce disque, dit Scott. Mais je l’aime beaucoup. Pour l’écriture de chansons, je le placerais aux côtés de Buffalo et de Pegasus, mais il ne sonne pas non plus comme ces albums. Il est vraiment unique. »