Slug

Thy Socialite!

Sortie le 20 janvier 2023

Daylight Saving Records

SLUG revient avec l’album Thy Socialite ! le 20 janvier 2023, chez Daylight Saving Records, le nouveau label créé par Peter et David Brewis, de Field Music.

 

« J’ai commencé par me demander quel défi je pourrais bien lancer à mon public, explique Ian Black, alias SLUG. Et quel serait mon angle d’attaque si je ne voulais pas me contenter de quarante minutes de musique générique sans intérêt. »

 

Cette question, Black se l’est posée après avoir réfléchi à certains albums de monstres sacrés qui ont été détestés par des fans pourtant dévoués : Arctic Monkeys avec Tranquillity Base Hotel and Casino, Leonard Cohen et Death of a Ladies Man, Lou Reed et Berlin. « Ma copine a fait un lien entre le Berlin de Lou et “un Andrew Lloyd Webber en plein trip.” Andrew Lloyd Webber en plein trip ? Ça a l’air génial ! »

 

Thy Socialite !, premier album du nouveau label Daylight Saving Records, de Field Music, n’est pas le bébé d’un Lloyd Webber tremblant et transpirant dans un appartement berlinois délabré, mais plutôt un disque de hard rock, de glam et de pop ludique, joyeux et audacieux, entre le stade à l’école d’art. « Je voulais une palette plus rock, dit Black. Mon dernier album, Higgledypiggledy, avait comme influences The Cardiacs, Prince et The Residents. Pour celui-ci, j’ai voulu me diriger vers des artistes moins proches du public indé, comme Toto, Sweet, Wings, Def Leppard et ZZ Top, et les faire fusionner avec du SLUG. En raison de l’approche plus rock, j’étais content que l’album prenne la forme d’un vaste ensemble de rock classique, pompeux même. »

 

Il ne s’agit toutefois pas d’un simple pastiche ni d’un retour en arrière nostalgique. En dépit des clins d’œil espiègles à certains des aspects les plus grandioses, les plus théâtraux et hyperboliques du genre, Thy Socialite ! allie une pincée de pop contemporaine et une production soignée, tout en établissant un lien palpable avec l’habile mélange précédent d’indé, de rock et d’art pop de SLUG.

 

Et tout comme la musique évite ici délibérément de suivre les conventions en embrassant des styles que beaucoup jugeraient profondément inadaptés à la modernité, les paroles elles-mêmes sont une forme de révolte contre les tendances actuelles. « J’ai remarqué que beaucoup d’artistes sortent des disques avec un message inspirant du genre “soyez aimants envers vous-même”, dit Black. Ils reviennent sur leurs expériences avec vulnérabilité, autodépréciation et bravoure. Des messages d’empathie envers les autres, en lutte contre le conservatisme après une décennie de vulgarité, d’austérité et de coupes de cheveux calamiteuses. Beaucoup de bon sens quoi. Alors je me suis dit que j’allais faire tout l’inverse : un album où je mettrais à mort l’amour de soi.

 

« Il n’y aura pas de film sur notre vie », chante Black dans « Depends What You Think Is Nice », affrontant l’insignifiance de son personnage. « Il m’a semblé que je pouvais tenter un poil d’humour noir, explique-t-il. Et puis pour que ça marche, je devais inclure des moments ou des pensées fugaces pas super sympathiques. J’ai choisi de le faire parce que j’ai l’impression que tout le monde en a, et que ça facilite l’accès à l’auditeur tout en évitant de tomber dans le grand n’imp. »

 

Une autre influence clé pour les paroles, en plus de Jarvis Cocker de Pulp, est venue du film musical de 1981 Shock Treatment. « C’est la suite souvent méprisée du Rocky Horror Picture Show, explique Black. A côté de ses fantastiques chansons et de son esthétique criarde, son sens de l’humour théâtral et cynique me parlait à fond. Je me suis dit que si je pouvais utiliser cet humour acide dans les paroles, ça deviendrait si délicieusement excessif qu’on ne pourrait pas s’empêcher d’y adhérer. »

 

L’humour, l’espièglerie, l’honnêteté et la fusion unique des styles musicaux aboutissent à un disque vraiment singulier qui ne ressemble à rien de ce qui se fait en ce moment. Et ce qui est peut-être le plus rafraîchissant, c’est que c’est assumé de tout cœur. Pourtant, malgré sa fantaisie, c’est un disque magistralement exécuté, complexe, multicouche et débordant d’une pop désirable et de moments hard rock théâtraux à la Sparks.

 

Les moments de sincérité ne sont pas en reste malgré l’absurde. « Be A Good Martyr », par exemple, met en scène un ancien acteur tristement surexposé durant sa carrière et devenu troll professionnel (« Je reste convaincu qu’il s’agit d’un malencontreux projet universitaire de troll-art incarné en humain », dit Black). On trouve également « Please Turn It Up », splendide mélange d’harmonies vocales, de lignes de guitare étranges et de mélodies contagieuses, qui raconte « comment j’ai été surpris que plus d’hommes que je ne le pensais commencent à s’interroger sur notre comportement envers les femmes, dit Black. C’était généralement agréable à entendre et parfois on a juste besoin de lancer des piques et d’écouter. »

 

« Insults Sweet Like Treacle », morceau glamrock incroyable sur lequel s’ouvre l’album, est aussi un hommage à un ami décédé, Dave Harper, que Black décrit comme « le blasphémateur en chef du milieu, qui détestait Thatcher et était un héros pour beaucoup. Ce titre lui est personnellement dédié. Il rappelle The Sweet par endroits. Dave adorait The Sweet. »

 

Il en résulte un album drôle et imprévisible, mais également plein d’intelligence, d’ambition et d’audace. Un territoire où le hard rock classique et l’art-pop astucieuse sont sur un pied d’égalité, et où se moquer de tout n’est pas réductible à une simple fioriture et à du jetable. Tout cela fait partie du défi que Black s’est lancé dès le départ en se demandant : « Comment puis-je défier le public de SLUG tout en l’emmenant dans un voyage neuf qui le perturbera au début, mais qu’il finira par aimer ? »

 

Pour David Brewis de Field Music, c’était le disque idéal pour lancer leur nouveau label. « Il nous a semblé que c’était le démarrage parfait pour Daylight Saving Records, dit-il. On a toujours aimé ce que fait Ian et on a été ravis, au fil des ans, de l’aider à extraire toutes ces idées musicales débridées de son cerveau. Maintenant, on peut aussi contribuer à les faire atteindre les oreilles des gens. »