Nadia Reid

Out Of My Province

Sortie le 6 mars 2020

Spacebomb

Il faut se bouger pour obtenir ce qu’on veut. En tant qu’artiste, il faut bouger pour évoluer. Nadia Reid connaît bien ça. En quittant sa Nouvelle-Zélande chère à son cœur pour enregistrer son troisième album aux Etats-Unis avec des inconnus, elle ne se doutait pas qu’elle y trouverait une famille. Avec Spacebomb, son voyage lui a fait explorer l’amour, le développement personnel et une profonde réflexion au-delà de ce qu’elle aurait cru possible.

« Out of my Province est un véritable album de voyage : ce sont des chansons qu’on écoute sur la route », explique Nadia à propos de cet album écrit pendant la tournée intense qui a suivi la sortie de son LP Preservation, succès critique. « Quand j’étais sur scène le soir, quand je voyageais, j’étais constamment inspirée. Parfois c’était bien, parfois plus dur – je voyais ça comme “chercher de l’or”, et certains soirs j’avais besoin de chercher plus loin pour avoir cette sensation. A ce moment je me sentais vraiment vivante et utile. »

Pour Nadia Reid, faire de la musique est une nécessité, et c’est grâce à la musique qu’elle a su trouver sa place dans le monde. Les médecins sauvent des vies, et les véritables artistes contemplent leur raison d’être. Comme si elle envoyait une carte postale dans sa ville natale de Port Chalmers, Out of my Province marque son énorme progression, hors de sa zone de confort. Sa voix apaise les âmes. « Pour un artiste, la progression est la clé. Je veux sans cesse changer, repousser les limites, ressentir l’évolution. C’est bon pour nous », explique-t-elle. « Pour moi, les lieux représentent les gens. Si j’établis une connexion avec quelqu’un, je m’en souviendrai, plus qu’un bâtiment historique ou une vue. C’est la raison pour laquelle je fais de la musique. »

Entre des tournées européennes, une apparition chez Later… with Jools Holland, et une performance avec l’orchestre philharmonique d’Auckland, Out of my Province est le son d’une jeune artiste qui grandit, en termes de caractère et de dextérité, devant un public international, et dont le monde change devant elle. « Je suis partie deux semaines sur la côte amalfitaine en Italie. Je voulais me retrouver seule. Et écrire. C’est là-bas que j’ai écrit “The Other Side of the Wheel”. Cette expérience a nourri une grande partie de mon écriture après ça. »

Nadia a continué de voyager et, boostée par l’enthousiasme de Ben Baldwin de Spacebomb après sa performance lors du Green Man Festival, s’est retrouvée au téléphone avec le coproducteur Matthew E. White. « Après ça, j’avais un très bon pressentiment. On s’est très bien entendus. Savoir qu’un groupe de gens de Richmond, en Virginie, avait très envie de travailler avec moi a été essentiel », se souvient Nadia. De l’autre côté du monde, avec à proximité un salon de thé dans l’esprit néo-zélandais pour seul remède à un éventuel mal du pays, Nadia est entrée dans les studios de Spacebomb accompagnée du guitariste Sam Taylor. Ils ont rejoint Cameron Ralston (basse), Brian Wolfe (batterie), Daniel Clarke (orgue, piano, claviers), et le producteur Trey Pollard, qui allait arranger les cordes, les vents, le piano, le Rhodes, et qui allait donner au son de l’album la profondeur que Nadia avait toujours imaginée. « A notre arrivée tout a paru naturel, parfait. Trey avait une vision précise. Parfois plus forte que la mienne. Je me suis totalement laissée aller. J’ai écrit les chansons, et j’ai cru en elles. Ils étaient tous extrêmement accueillants et positifs. »

Terminé dans sa ville d’origine, Dunedin, le morceau « Best Thing » rappelle les moments doux de PJ Harvey, et la ballade country « High and Lonely » revient sur son voyage avec beaucoup de maturité, tandis qu’elle chante : “They say that suffering will make a woman wiser / I have been asked if I am some sort of survivor / All I know is I have kept myself steady / I walk that line between the darkness and the ready.” La douce valse de chacune des cordes s’élève sur « All of My Love » – une histoire d’amour moderne écrite après un réveillon du Nouvel An à Levin –, et « Oh Canada » est inspiré par ses artistes préférés, Rufus Wainwright, Joni Mitchell, Leif Vollebekk et Andy Shauf. « Le monde est parfois tellement triste, et pourtant la vie est tendre et belle ; l’art, la musique et la nature prennent la forme d’un baume qui nous apaise. Regarder les gens chanter et danser me soigne. Comme marcher dans la montagne. Je me sens privilégiée de faire partie de cet apaisement. »

Le titre de l’album provient d’une interview de l’un des auteurs néo-zélandais favoris de Nadia, Janet Frame, disparue en 2004, dans laquelle on lui demande si elle s’est déjà rendu compte qu’elle faisait probablement partie des plus grands écrivains du XXe siècle, ce à quoi elle répond, gênée : « Cette question ne m’atteint pas. Ce n’est pas de mon ressort (“It’s out of my province”). » Nadia explique : « Sa réponse m’avait beaucoup émue. Je suis amoureuse de ses livres. Quel que soit le moment où je les relis, ils me réconfortent toujours. “Out of my province”, cette phrase ne m’a jamais quittée. »