Lightman Jarvis Ecstatic Band

Banned

Sortie le 25 juin 2021

Anti / Pias

Yves Jarvis et Romy Lightman forment un couple d’artistes singuliers à la créativité inépuisable. Au cours de la dernière décennie, Jarvis a sorti chez ANTI-Records et Flemish Eye de nombreux albums qui lui ont valu une reconnaissance internationale, tandis que Tasseomancy, le groupe de Lightman, mené par sa sœur jumelle, captive les auditeurs depuis la fin des années 2000. L’album de Lightman Jarvis Ecstatic Band marque la première collaboration du duo, propulsant les deux musiciens hors de leur zone de confort vers d’envoûtants territoires de folk hallucinogène et de rock impressionniste.

Banned a été enregistré dans l’environnement paisible du Tree Museum, une galerie d’art en plein air située dans la campagne ontarienne et qui accueille en résidence des sculpteurs contemporains depuis 20 ans. Les deux artistes considèrent les 80 hectares d’espaces naturels mêlés aux créations humaines comme le moteur de leur processus créatif sans contraintes. Enregistré en deux semaines durant un flot ininterrompu d’improvisations, l’album met en scène Lightman au synthétiseur et Jarvis à la batterie et à la guitare, tandis que leurs voix s’entrecroisent en une tapisserie bucolique électrisée.

« Cet album est un manifeste de notre façon commune de voir la vie, confie Lightman. Il traite de notre couple et de sa dynamique. Il y a un côté épique et de la tension par moments. Nous avons fait mûrir notre processus de travail durant ces deux années passées ensemble à intervalles réguliers au Tree Museum. C’est comme la façon dont les particules entrent en collision. Il y a une dimension alchimique là-dedans, avec les composants de base qui s’entrechoquent. »

Au-delà du fait de quitter la ville pour vivre dans la solitude des bois, le titre de l’album, Banned, insiste également sur une forme de risque. A l’instar de la comédie musicale Hair, reflet de la contre-culture à la fin des années 60, le duo rejette toute forme de répression en célébrant sans le dire le naturalisme, l’ouverture d’esprit et la libération sexuelle. Ces 15 chansons offrent un moment d’intimité et une invitation à l’amour libre qui ne sauraient se produire que lorsque les artistes accueillent les auditeurs dans leur univers.

« L’extase est perverse et sacrée, commente Jarvis. Afficher une joie extatique comme nous le faisons dans cet album nous expose. Il s’agit avant tout de notre désir d’expression créative et de la curiosité qui l’entoure. Ça devrait être censuré, mais ça ne le sera pas. »

Sur le quasi éponyme « Elastic Band », Jarvis et Lightman semblent tout à fait à l’aise, leurs voix s’harmonisant dans un bruissement d’instruments. Les mélodies du morceau d’ouverture « Olamin », avec son tranquille balancement, adoucissent leur approche dans une brume hallucinogène, mais une sensation de propulsion constante anime les moments de remplissages renversants dans « Bone of a Hound » ou le carillon des tambours d’acier dans « Red Champa ». Les spectres du folk psychédélique hantent « Nymphea » avant d’être interrompus par un solo plein d’émotion inspiré d’Eddie Hazel. Ailleurs, les effets de texture d’« Ancient Chain » rappellent les amples paysages de guitare de Robert Fripp, tandis que le cliquetis tout proche de « Tombs of the Patriarch » fait écho aux sombres évocations avant-prog de Camberwell Now.

La création de cet album a spécifiquement fourni aux deux musiciens l’occasion de se remettre en question : Jarvis a mis à l’épreuve ses habitudes de travail solitaire pour enregistrer avec quelqu’un d’autre, tandis que les jams ouverts ont offert une autre option à Lightman qui d’ordinaire préfère une écriture minutieuse. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre du fait qu’ils réalisent cet album en couple, les deux artistes n’y sont ni mignons ni romantiques mais visent directement l’extase.

« Il y a des archétypes associés à l’amour et à l’intimité, confie Lightman. Et puis il y a une façon d’être plus profonde qui n’est parfois pas documentée. Notre Ecstatic Band exprime véritablement ça. Il ne s’agit pas d’un genre, mais de ce qui est sorti de nos jams. »