EKKSTACY

Negative

Sortie le 12 novembre 2021

United Masters

Quand EKKSTACY a sorti « i walk this earth all by myself », quelque chose a changé. La chanson démarre au son nostalgique d’une cassette insérée dans un magnétophone et s’élance comme si elle accompagnait son protagoniste dans un voyage solitaire à travers une ville délabrée. Quand EKKSTACY l’a écrite, il ne savait pas trop si elle lui plaisait. EKKSTACY n’écrit pas de la musique pour le plaisir, il le fait pour soulager une douleur qui l’isole, souvent handicapante et terriblement solitaire. Mais le jour suivant, EKKSTACY a eu du plaisir en réécoutant ce qu’il avait fait. Il s’est dit que la chanson était réussie et, peu de temps après, c’est le titre qui a attiré l’attention de ses futurs managers, qui étaient justement ceux à l’origine de l’un des groupes préférés d’EKKSTACY, The Drums.

 

Il y a un paradoxe EKKSTACY. Ironiquement, son nom fait écho à la drogue, mais lui-même ne pourrait pas être plus éloigné de l’euphorie induite par l’ingestion d’une pilule d’ecstasy. Son premier EP s’intitule Negative, en référence à la seule remarque que lui faisait sa mère quand ils se disputaient. Negative rappelle les groupes indé britanniques du milieu des années 80 aux sons noyés dans la réverbe, comme si Orange Juice ou les Smiths sortaient d’un tourne-disque immergé au fond d’une piscine. Des chansons comme « Then I Met Her » et « It Only Gets Worse, I Promise » semblent festives et enjouées mais comportent des références à la dépression et aux tendances suicidaires. EKKSTACY offre un espace à une génération qui aimerait s’amuser mais qui se noie dans le chagrin et cherche à laisser une trace, sans savoir ce qu’elle peut apporter qui n’aurait pas été fait jusque-là.

 

Son éducation à Vancouver se déroule normalement. Jusqu’au lycée. Le jour de la rentrée, ses parents divorcent et il ne tarde pas à s’effondrer psychologiquement. Il n’a aucun ami. EKKSTACY traverse un épisode psychotique causé par la drogue, qui le pousse à se défenestrer. En état de stress post-traumatique, il s’engage dans une psychothérapie. Mais ce qui l’aide le plus, c’est de faire de la musique.

 

Soudain, ce qu’il a essayé de faire des années auparavant lui apparaît comme un remède à tous ses maux. Il a besoin de faire quelque chose, de se concentrer sur quelque chose. Moins d’une semaine après la crise, il est déjà en train de chercher des rythmes sur YouTube et d’écrire des chansons. Principalement sur le suicide, l’autodestruction et la toxicomanie. Il se sent mal, fait une chanson et se sent un peu mieux après. Ce n’est pas nécessairement la musique de son enfance qui l’inspire. Il n’avait pas d’affinité avec la vaste collection de disques de son père ni avec la collection R&B de sa mère. Il a trouvé ses héros dans la pop indé qu’il écoutait dans sa chambre : le Jonny Pierce des Drums, Porches, Current Joys. La création de ses chansons est moins liée au fait d’essayer d’être quelqu’un, ou d’être quelqu’un d’autre, que tout simplement de rester en vie. Il est obligé de s’exprimer à travers la musique parce qu’il sait que c’est un moyen de survie. Peut-être le seul moyen.

 

A 19 ans, EKKSTACY est en plein essor. Il fait le buzz autour de lui, il fait des concerts, travaille à de futurs albums, mais la réalité n’est pas forcément plus douce. Echaudé par le rejet et le soutien factice des autres élèves, il écrit maintenant des chansons sur le découragement. Il écrit des chansons sur un chagrin d’amour occasionné par une ex petite amie. Il écrit des chansons sur la fuite. Sur les difficultés de l’adolescence. Il écrit ces chansons dans sa chambre d’ado. Des amis rencontrés en ligne l’aident à les produire. C’est un conte moderne aux aspects intemporels. Il y a une vérité éternelle : c’est dans les refuges adolescents que les plus grands rêves se forment, et peu importe à quel point ces rêves semblent détraqués, les gens les trouveront. Ils les écouteront. Parce que la plupart du temps, ils ressentent la même chose.