Clément Walker

Maudit Mirage EP

Sortie le 05 novembre 2021

Believe

Amoureux du son vintage, chineur de chemises rétros et de vieux magnétos à bandes, c’est sous les traits d’un extra-terrestre à forme humanoïde que Clément Walker débarque avec ce premier EP.

 

D’Américain il ne porte que le nom, et si la musique de Maudit Mirage évoque la pop psychédélique anglophone de Connan Mockasin, ou bien encore les sonorités nonchalantes de Mac Demarco, c’est entièrement en Français qu’il écrit et chante l’odyssée d’un être venu d’ailleurs.

 

Entre évocation érotique et rêverie électronique, on s’abandonne à l’expérience du sentiment amoureux, de l’amour perdu et de la solitude urbaine.

 

Mais alors, qui se cache vraiment derrière ce petit prince aux cheveux bleus?

 

Clément Walker a assurément puisé dans son enfance pour nourrir l’âme de cet alter-égo. Né de parents tous deux musiciens, il grandit dans une petite maison aux confins du Berry, terre réputée pour sa nature mystérieuse et magique. C’est dans cette campagne tout droit sortie d’une nouvelle de George Sand qu’il passe de longues heures à improviser sur le piano familial. “Avant d’étudier au conservatoire, mon rapport à la musique était exclusivement récréatif. C’était une manière de vivre, de ressentir les émotions, un filtre qui avait le pouvoir de transformer les sentiments en son.” Il étudie le piano, le chant et quitte les rangs de l’école à l’âge de 15 ans afin de se consacrer entièrement à sa passion. C’est à Paris qu’il se perfectionne et s’initie à l’art de l’écriture et de l’orchestration. Si l’on peut trouver quelques références classiques à Ravel ou Liszt dans Maudit Mirage, Clément Walker élargit son horizon artistique faisant du synthétiseur l’enfant roi de cet EP, rappelant la pop indé d’Infinite Bisou ou encore les balades nocturnes du Suisse Muddy Monk. “Je me suis toujours échappé des cadres que l’on m’imposait. Quand on casse un système, on doit se réinventer, se trouver, créer son propre environnement. Peu à peu, j’ai habitué mon oreille à d’autres sons, plus électroniques.”

 

Composé, écrit et enregistré dans son appartement parisien, Maudit Mirage est né de cette poésie de l’intime. Synthétiseurs, drum machine, un piano et quelques cordes s’harmonisent autour de la voix éthérée du chanteur. “L’idée du concept album a germé dans mon esprit il y a longtemps quand j’ai écouté pour la première fois Melody Nelson de Gainsbourg”. En arrivant à Paris j’ai ressenti pour la première fois cette solitude urbaine, un sentiment que je n’avais jamais ressenti auparavant alors que je vivais dans la forêt. Ce choc m’a inspiré un alter égo étranger à la ville et ses codes”.

 

C’est dans un premier titre, au nom de l’EP, que l’on partage les étranges visions de ce naufragé venu d’ailleurs. On s’abandonne à cette douce rêverie avant de glisser dans les bras de Lola, titre indégnablement érotique, où basse lazy, cordes et voix aériennes s’entremêlent. “Je voulais intégrer dans cet univers de machines quelques instruments acoustiques, comme une respiration, un nouveau souffle symbolisant la naissance de sentiments humains chez mon personnage”.

 

Maudit Mirage parle d’amour mais aussi de désillusions, de l’absence de l’autre comme dans Sans toi, chanson cynique et faussement légère qui révèle son essence au travers d’interludes mélancoliques. C’est sans artifices qu’il chante les solitudes de notre espèce dans Où s’en vont, titre clé de l’EP. Utopia clos le voyage avec des sonorités plus exotiques, au rythme de ses gamelans balinais et lignes de basses mordantes rappelant l’électro de Flavien Berger. “À travers le regard de cet extra-terrestre sont ré-appréciées la beauté et la fragilité omniprésente de notre monde”. On finit la tête rivée vers le ciel, en espérant avoir des nouvelles de ce voyageur de l’espace. On imagine une suite, ou bien un début à cette odyssée. Peut-être dans un prochain album, qui sait?