Born Ruffians

Juice

Sortie le 3 avril 2020

Yep Roc Records

Le groupe indie rock basé à Toronto Born Ruffians, composé du guitariste et chanteur Luke Lalonde, du bassiste Mitch DeRosier et du batteur Steve Hamelin, est la preuve que des amis qui s’engagent à travailler inlassablement et qui mettent en avant leur intégrité professionnelle et leur vision peuvent faire de grandes choses. Quinze ans de carrière, et le trio est toujours là avec un sixième album, JUICE. C’est un ardent et touchant album de chansons rock and roll, écrit et peaufiné en harmonie durant trois belles années. C’est du Born Ruffians authentique : ils suivent leurs propres règles et ne dévient pas de leur route jusqu’à l’aboutissement de leur travail.

« Ça marche comme ça : on avance quand tous les membres assument la force de leur collaboration créative, en s’affranchissant de toutes les pressions extérieures », explique Lalonde. « En un sens, JUICE reflète ça. On s’appuie davantage sur ce lien qu’on a renforcé au cours de toutes ces années. »

JUICE, qui sortira le 3 avril via Yep Roc Records, incarne l’histoire du groupe, évoque les débuts de Born Ruffians à Toronto, tout en disséquant leur lien à cette période et aux souvenirs qui l’accompagnent. “Was it all the way it seemed? How I wonder what you see/In that wavy haze”, chante Lalonde dans le refrain. « C’était la meilleure époque, c’était la pire », explique Lalonde avec un sourire. Cette période était à la fois angoissante et excitante, une vie au jour le jour dans un sous-sol du centre-ville de Toronto. « Cette angoisse sera toujours là, je suppose », dit Hamelin. « Mais quand on prend sa vie en main, on arrive à la réduire. »

JUICE représente cette simplicité : une dévotion, nécessaire, aux mélodies en accord majeur, et une camaraderie décisive lorsque l’on est au pied du mur. Chacun des morceaux est un rayon d’énergie et de narration, qui s’imbrique dans le suivant du début à la fin, comme des pièces de puzzle.

Le malaise spirituel du XXIe siècle cherche un salut, et c’est JUICE : un nectar doux et délicieux de la part d’un groupe qui a su perdurer. C’est brillant, c’est punchy, de l’explosion de la section vents en ouverture du rock and roll effréné de « I Fall In Love Every Night » au rythme espiègle de batterie de Hamelin sur « Breathe ». Le courageux « Dedication » clôt ce trio d’ouverture à coups de percussions et de sifflements qui encadrent la lecture moqueuse de Lalonde de listicles résolument pro-capitalisme et dans l’air du temps : “12 ways to die in a fire, 10 ways to be consumed by desire, 8 things you didn’t know about the all-consuming shadow of this empire.”

Pour répondre à cette suite de trois titres se trouvent à la fin de l’album trois chansons finales, un gâteau aventureux dont la cerise est « Wazy Haze ». Une promenade de quatre minutes au cœur des souvenirs brumeux de Lalonde des débuts du groupe enveloppés de guitares barbe à papa et d’une batterie grondante. “Miss the stuff you did not need: attention headaches, nicotine, alcohol, and some amphetamines”, affirme Lalonde dans un couplet. Un peu comme un joueur de poker qui compte ses jetons avant de miser. « Il y a une certaine fierté dans ce qu’on a fait, et un regard à la fois sur le passé et l’avenir », dit DeRosier.

JUICE est un témoignage des origines de Born Ruffians, et une déclaration de mission culottée pour l’avenir. Même si les choses deviennent bizarres et écrasantes, Born Ruffians nous rappellent à la fin de l’album qu’ils sont ici pour durer, tandis que Lalonde chante : “You see a light come shining from behind, reminding you that kid is always on your back.”