Bananagun

The True Story of Bananagun

Sortie le 26 juin 2020

Full Time Hobby

Groupe originaire de Melbourne, avec un son allant de l’afrobeat et de l’exotica des années 1960 et 1970 aux influences de Fela Kuti, à la rythmique rageuse proto-garage de The Monks et aux grooves de Os Mutantes, la musique de Bananagun possède l’exotisme d’un attirant monde perdu. On pourrait trouver leurs albums parmi les pépites d’un vieux cageot de vinyles. Pourtant, à l’image des singles punchy et originaux « Do Yeah » et « Out Of Reach », les membres du groupe ne versent pas dans le revivalisme. Sur leur premier album, The True Story of Bananagun, ils font un immense bond en avant avec leur mélange de tropicália universelle.

The True Story of Bananagun marque leur toute première incursion dans l’écriture et l’enregistrement en tant que groupe, avec des fondations nées des idées et des démos du guitariste, chanteur et flûtiste Nick van Bakel. Ce multi-instrumentiste a grandi dans les années 1990 avec les vidéos de skate, bercé par les beats hip-hop qui les accompagnaient – apprenant des meilleurs comme Mr. Dibbs, fondateur du label Self Core.

Ce qui anime Bananagun, c’est l’amour du groove, même si les rythmes aujourd’hui vont bien au-delà de ces premières influences. « Nous voulions faire quelque chose de différent de tous les autres », raconte le groupe. « Nous voulions un son vif, joyeux, avec une profondeur semblable à celle de la jungle. Comme une ode à la nature. »

Nick van Bakel a d’abord été rejoint par son cousin Jimi Gregg à la batterie – unis par une passion commune pour Le Livre de la jungle –, puis par des amis qui partageaient comme eux le désir de toujours s’amuser en travaillant : Jack Crook (guitare/chant), Charlotte Tobin (djembé/percussions) et Josh Dans (basse). La spontanéité, la fraîcheur entre les cinq membres du groupe se retrouvent sur The True Story of Bananagun, fruit de nuits passées à répéter et à jammer aux Phaedra Studios du producteur John Lee.

« On jouait énormément tout en enregistrant, on est bien rodés en live », se souvient avec plaisir van Bakel à propos de leurs sessions, plutôt des moments entre amis en fin de compte, avec Zoe Fox et Miles Bedford qui venaient chanter et jouer du saxophone. « C’était génial, on se voyait là-bas tous les soirs, on jouait avec de vrais instruments [et pas mes installations dans ma chambre]. On avait un peu tous l’impression d’être sur un nuage. »

Des titres comme « The Master » et « People Talk Too Much » rebondissent dans tous les sens sur des percussions hybrides qui fusionnent highlife ouest-africaine et tropicália brésilienne. « She Now » sonne plutôt comme un beat R’n’B occidentalisé, revisité par le style inimitable du groupe. « Freak Machine » est le titre qui se rapproche le plus des beats des années 1990, mais sont ajoutées de multiples couches de guitares éclatantes, de chants aux harmonies flower pop et d’autres sons qui leur donnent une nouvelle perspective. On trouve également sur l’album un titre de 90 secondes, « Bird Up! », qui copie-colle des chants de perroquets et de kookaburras pour rendre hommage à la faune autour de chez van Bakel, à 80 kilomètres de Melbourne.

Bananagun est avant tout un groupe qui aime la vie, et The True Story of Bananagun est un album exubérant ; pour van Bakel, compositeur principal du groupe, il est primordial de ne pas laisser les thèmes abordés prendre le dessus sur cette exubérance. L’album offre bien plus que de merveilleux grooves : « The Master » parle du fait d’apprendre à être son propre maître et à ne surtout pas se comparer aux autres. « She Now » aborde le thème de l’identité de genre et met en avant combien il est important de pouvoir identifier ce que l’on ressent. Le dernier titre de l’album, « Taking the Present for Granted », résume à sa manière les valeurs du groupe, s’efforcer d’accepter le monde qui nous entoure et apprécier le moment présent.

Penseur passionné, van Bakel parle du morceau : « Les gens pensent si souvent avoir une vie merdique, coincés dans leur crise existentielle, mais il suffit de voir plus loin, de prendre part à la vie, d’apprécier la beauté du monde, et combien il est possible de passer de meilleurs moments. »

Même le nom d’apparence anodine du groupe véhicule l’idée d’une connectivité qui correspond à la dimension universelle de la musique. « C’est comme une lutte non violente ! Ou un mec qui fait un braquage avec une banane, pas une arme, et qui dit aux autorités de ne pas trop se prendre aux sérieux. »

The True Story of Bananagun est un conte à propos de la beauté qui se cache même dans les instants les plus troublés.