Altin Gun

On

Sortie le 30 mars 2018

Bongo Joe

Le poète William Blake a jadis magnifiquement suggéré : « Il y a dans l’univers des choses que nous savons, et des choses que nous ignorons, et entre les deux, il y a des portes. » Pour découvrir de nouvelles choses, il faut parfois ouvrir la porte entre les faits établis et l’inconnu. Altin Gün (« L’Âge d’or ») est le groupe qui détient la clé de cette porte. Et lorsqu’elle s’ouvre on sent, on ressent, on entend un mélange de sons qu’on a entendus avant, mais séparément, et jamais dans ce contexte qui paraît totalement nouveau.

 

Sur leur premier album On (Bongo Joe Records), Altin Gün montrent ce qui se passe quand on ouvre les portes entre les chansons folk turques ancestrales et un mélange incroyable de rythmes funk, de guitares wah-wah et d’orgues analogiques. Les Amstellodamiens, qui ont chacun des origines différentes (turques, mais aussi indonésiennes et hollandaises), créent tranquillement leur musique dans l’aventureux no man’s land qui existe entre ces deux mondes.

 

Des musiciens turcs des générations précédentes ont également expérimenté du côté de portes ouvertes entre des mondes soniques différents. Pendant les années 1970, des artistes comme Baris Manço, Selda Bağcan et Erkin Koray ont travaillé sur une composition et une écriture similaires à celles d’Altin Gün. Ils prenaient la musique jouée lors de fêtes ou d’événements de leur enfance, des chansons folk soutenues par un instrument traditionnel turc, le saz. Ensuite ils ajoutaient les techniques et les ambiances de leurs époques, pour obtenir ce qui deviendrait un son caractéristique turc entre 1972 et 1977, qui encore aujourd’hui sonne riche, dansant et franchement époustouflant.

 

Les membres d’Altin Gün ont fait connaissance avec cette musique au travers de leur éducation, par l’intermédiaire d’amis, ou dans des boutiques de disques, en tombant sur des compilations qui se révéleraient décisives. Leurs découvertes personnelles mises en commun leur ont permis de rassembler des foules dans toute l’Europe, du festival Into The Great Wide Open aux Pays-Bas jusqu’à Istanbul, de Gand à Genève, et de Ravenne à Amsterdam. Des gens aux quatre coins de l’Europe sont tombés amoureux de leur mélange si original de sons familiers.

 

Si Manço, Bağcan et Koray ont tous influencé Altin Gün, leur principale inspiration est Neşet Ertaş, un musicien folk turc à l’héritage musical inestimable. La comparaison est impossible, mais on peut le rapprocher, en termes d’impact et de prestige, de Bob Dylan ou George Gershwin. Plusieurs des chansons qu’il a composées sont devenues des standards en Turquie, des trésors nationaux encore chéris aujourd’hui. Altin Gün gardent la structure lyrique et thématique des titres de Neşet Ertaş, mais altèrent souvent leur signatures temporelles, et ajoutent des basses floues, des orgues étouffés et des riffs bruts de saz. Neşet Ertaş a écrit la plupart des morceaux de l’album, même s’ils sont à peine reconnaissables après le travail d’Altin Gün.

 

Les chansons abordent des thèmes universels, l’amour, la mort, le désir et le destin. C’est une musique émouvante qui à la fois donne envie de danser et réconforte l’âme. Une musique qui paraît familière, mais différente. Une musique qui, même sans comprendre le turc, est profondément touchante.

 

Laissez Altin Gün pousser cette porte pour vous, et plongez dans leur son superbe et original.