
Monoï
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Sortie le 16 janvier 2026
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Yum Yum Records



Il a suffit d’un coup de fil d’un ami, lui demandant de composer un titre pour illustrer une virée surf dans les îles Mentawai, paradis des vagues turquoises, pour que Jérôme Plasseraud, producteur à l’image (pour le cinéma et la télévision), multi-instrumentiste et arrangeur, croisé sur la scène pop parisienne des années 2000, devienne Alaaska. Synthétiseurs branchés, guitare dans la réverbe, il dessine les premières lignes mélodiques de ‘Bangkok’ sur une boîte à rythme usée, ronde et chaleureuse comme un soleil couchant. Ce titre inaugural donne le ton de tout ce qui va advenir, voyage mental lointain, vers ces îles indonésiennes fantasmées, et plus largement l’Asie, comme une carte postale pastel.
« J’ai fait écouter la démo de ‘Bangkok’ à Mark Daumail (Cocoon), il m’a fait la promesse de me signer sur son label Yum Yum Records si je continuais dans cette direction ».
Promesse tenue. Alaaska s’enferme dans son home-studio Bordelais, tricotte sur la guitare nylon de son fils, bricole des mélodies sur des samples de koto, rêvant une bande-originale d’un film, imaginaire, quelque part entre le méditatif Lost in Translation de Sofia Coppola et les westerns de Sergio Leone. Sa science des arrangements le pousse vers davantage de minimalisme, épurer, ne garder que l’essentiel, laisser planer l’approximation, ne pas trop s’assoir confortablement dans les codes de la pop music, pourtant sa base. En résulte ce premier album, Monoï, cocktail savoureux et épicé de soul psychédélique, pop instrumentale et lounge music, à déguster au bord d’une piscine, ou sur les falaises plongeantes de la Côte Basque, lieu de pèlerinage où Alaaska se rend souvent pour puiser son inspiration.
« Je ne suis pas un grand surfeur, loin de là, mais je trouve que tout ce qui gravite autour de cette culture est sublime, je pense aux Beach Boys, à la beauté de leurs mélodies, je sens la wax des planches, son parfum enivrant. Tout est synonyme d’évasion, de partage, de passion. J’essaie de retranscrire ces sensations dans ma musique, j’attends l’inspiration, comme une vague, en faite. »
Son premier album, Monoï, donc la pochette a été réalisée par le duo néerlandais We are out of office, arrive à nos oreilles comme une douce odyssée. On y entend, entre les notes, les références d’Alaaska. Originaire de Versailles, où il a cotoyé la scène french touch, de Air à Phoenix, le compositeur aime à l’image de ses groupes les accords éthérés, préfère la plénitude à la tension rugueuse, les claviers analogiques qui soufflent aux plugins froids. Ici et là, dans la chaleur des timbres, basses moelleuses sur coussins rythmiques, se dévoilent des réminiscences de Shuggie Otis, une de ses références manifeste, ou les plus contemporains Khruangbin, avec qui il partage les scintillements en écho de guitare électrique. « We got all the time » chante Cocoon, sur la langoureuse ballade ‘Don’t rush’. Dont acte.
« Quand j’étais ado, je prenais mon bus pour aller au lycée, je remontais l’Avenue de Versailles au petit matin, avec le château derrière moi. Dans mon baladeur, j’écoutais les musiques de jeux vidéos que j’avais enregistrées à l’arrache devant l’enceinte de ma télévision ».
Il est question de musique pixel aussi ici. Ainsi, ‘Wellspring’, avec son thème de synthé vintage, semble tout droit sorti d’une console Megadrive. Son clip, à paraitre en janvier, réalisé par ses soins, en atteste, avec les images du jeu mythique California Games.