Prince Of Assyria

BOOK #4

Sortie le 21 novembre 2025

PoA Records

Certains artistes se précipitent, d’autres prennent leur temps. Prince of Assyria, pseudonyme du compositeur suédo-irakien Ninos Dankha, appartient à cette seconde catégorie. En plus de dix ans, il n’a sorti que trois albums, chacun minutieusement travaillé, au ton affirmé et à l’atmosphère dense. Avec son quatrième opus, BOOK #4, il prouve une fois de plus que la musique n’a pas besoin de suivre les tendances pour rester intemporelle.

 

Le titre n’est pas anodin : chaque album de Prince of Assyria ressemble à un chapitre d’un récit plus vaste, et BOOK #4 apparaît comme son œuvre la plus sincère à ce jour. Sa structure possède sa propre dramaturgie discrète : l’album s’ouvre sur ‘Mach cha Zamara’, chanté en assyrien, ancrant l’œuvre dans les racines culturelles de l’artiste et donnant voix à l’héritage, à l’exil et au sentiment d’appartenance. Il se clôt par le morceau éponyme ‘Book#4’, un groove instrumental où le langage s’efface, laissant l’auditeur suspendu dans le son. C’est un voyage de l’origine à la libération, de la parole à l’atmosphère pure.

 

Avant d’annoncer la sortie de l’album, Prince of Assyria partageait le single scintillant ‘Starlight Seawave’, morceau qui capture à la fois la nostalgie et l’énergie contenue de l’album. Avec son courant entraînant sous-jacent et sa surface onirique, il constitue une entrée idéale dans l’univers de BOOK #4. Le single suivant, ‘Like Jasmin’, révèle une autre facette : romantique et brut, tendre mais teinté de danger. Ensemble, ces deux extraits préparent l’auditeur à un album nourri de contrastes et de paradoxes.

 

Pour ceux qui découvrent Prince of Assyria, BOOK #4 constitue une introduction marquante : un artiste qui avance lentement mais sûrement, créant une musique qui reste longtemps en mémoire après la dernière note.

 

Musicalement, l’album navigue entre pop alternative, rock indépendant et intimité feutrée des auteurs-compositeurs-interprètes. L’atmosphère évoque Leonard Cohen, Nick Drake ou Scott Walker, sans jamais tomber dans l’imitation. La voix de Prince of Assyria, baryton sombre et résonnant, véhicule simultanément fragilité et autorité, oscillant entre confession et mythe.

 

‘High When I Cry’ illustre parfaitement cette émotion : simple dans sa structure pop, le morceau devient envoûtant par sa vulnérabilité. Les refrains chuchotés se dissolvent dans des explosions de sentiments, créant une tension à la fois intime et brute.

 

Le son de l’album reflète son esprit collaboratif. Enregistré à Stockholm dans une atmosphère de confiance et d’ouverture, il intègre des moments imprévus dans ses prises finales. Autour de Ninos Dankha, des musiciens de confiance ajoutent leur touche : la trompette dorée et fumée de Nils Janson, la basse solide de Surjo Benigh, la batterie vivante de Moussa Fadera et la guitare tranchante de Carl Von Shoenberg. Le mixage signé Ian Caple, collaborateur de Tindersticks et Tricky, apporte profondeur et chaleur tout en respectant l’espace de la musique.

 

Thématiquement, l’album oscille entre lumière et ombre, espoir et doute. Il explore la mélancolie sans s’y complaire, capturant l’équilibre fragile de l’existence : incertaine, en quête, mais capable de beauté. Les images — mer, forêt, feu, cuivres — donnent à chaque chanson l’ampleur d’une scène cinématographique.

 

Au terme de l’écoute, ce qui demeure n’est pas un simple refrain, mais un sentiment : celui d’avoir traversé un espace intime et universel à la fois. De la langue assyrienne au son instrumental pur, BOOK #4 invite l’auditeur à suivre Prince of Assyria dans un voyage profondément personnel et subtilement universel.