Midlake

A Bridge To Far

Sortie le 07 novembre 2025

Bella Union

Depuis plus de vingt ans, Midlake façonne discrètement un univers singulier, enraciné dans le charme universitaire de Denton, au Texas, mais dont la portée sonore et spirituelle dépasse largement ce cadre. Avec son sixième album studio, A Bridge To Far, le groupe signe un retour à la fois intime et universel. C’est un disque traversé par l’idée d’espoir, non pas envisagé comme une abstraction, mais comme un besoin vital. « L’espoir est une nécessité », affirme le chanteur Eric Pulido. « Il permet de voir plus loin, au-dessus de ce qui est. Nous pouvons tous nous y reconnaître, chacun à notre manière. »

 

Enregistré au Echo Lab de Denton et produit par Sam Evian, A Bridge To Far est né de sessions instinctives et naturelles. « Tout semblait simple et vrai », raconte-t-il. « Nous n’avons pas cherché à trop intellectualiser. » Cette spontanéité a donné naissance à un son à la fois aérien et enraciné, cinématographique sans emphase, intense sans tomber dans le sentimentalisme.

 

L’album explore des thèmes récurrents comme la persévérance, l’humilité et la beauté discrète des détails souvent négligés de la vie. Des morceaux comme ‘The Calling’ évoquent l’abandon à sa véritable voie, tandis que ‘Days Gone By’ confronte les luttes intérieures au rythme immuable de la nature — le soleil, la lune, le ciel —, offrant une perspective apaisante. ‘Eyes Full of Animal’ capte une énergie plus brute, retraçant un moment de déséquilibre émotionnel, alors que ‘Guardians’ se déroule tel un mantra, en hommage à celles et ceux qui préservent ce qui reste pur et précieux. Ce titre s’enrichit d’un échange de couplets entre Pulido et Madison Cunningham, chanteuse et compositrice nominée aux Grammy Awards, dont la voix apporte à la fois densité et contraste. Les interventions vocales de Hannah Cohen et Meg Lui traversent également l’album, ajoutant chaleur et subtilité.

 

Eric Pulido souligne l’importance particulière de ‘The Valley of Roseless Thorns’, qui reflète des vérités propres au groupe dans une poésie voilée. « Celle-ci porte une part de réalité », reconnaît-il. Côté musical, l’élan fut souvent spontané : le duel de saxophones entre Jesse Chandler et Sam Evian sur ‘The Calling’ a introduit une couleur inattendue, «comme si nous avions fait un détour par Chicago World », plaisante-t-il. ‘Days Gone By’, quant à elle, s’est éloignée de sa première version, troquant un tempo vif pour une atmosphère méditative et presque hypnotique, qui imprime d’emblée la tonalité de l’album. Là où les disques précédents affichaient des influences stylistiques plus marquées, celui-ci se veut plus épuré. « La référence et l’inspiration, c’est Midlake », résume-t-il. « Cet album ne s’appuie pas sur l’écho d’autrui, il porte davantage notre propre voix. »

 

Après toutes ces années, la motivation du groupe reste intacte : la connexion. « Nous nous aimons profondément», confie-t-il. « Trouver du temps ensemble reste un défi, mais chaque fois que nous y parvenons, cela devient une expérience précieuse. » A Bridge To Far traduit cet esprit : un triomphe discret, nourri par la confiance, le temps et la conviction qu’il vaut toujours la peine de poursuivre ce qui semble hors de portée.