Studio Electrophonique est le projet solo du chanteur et compositeur James Leesley, l’une des voix les plus singulières de la scène indépendante actuelle à Sheffield. Inspiré par le nom d’un ancien studio analogique de la ville, Leesley a déjà publié deux EP salués par la critique sous ce nom. Son premier album éponyme paraîtra cette année sur le label parisien Valley of Eyes Records, avec une production signée Simon Tong (The Verve, The Good, The Bad and The Queen, The Magnetic North).

James Leesley a grandi à Handsworth, un quartier de Sheffield, où ses soirées de semaine se passaient à taper dans un ballon sur les terrains vagues de la banlieue. Le week-end, les clubs sociaux (leurs boules à facettes, leurs comédiens, leurs vendeurs de coques de téléphone et leurs chanteurs de cabaret en costumes à paillettes) apportaient une touche de magie à cette banlieue perchée sur les hauteurs industrielles du nord de l’Angleterre. La scène n’était pas un rêve inaccessible : les espoirs naissaient et se brisaient sous les projecteurs, au rythme sec des appels de bingo.

Ces clubs sociaux, leurs chansons intemporelles, leurs échos slap back et leurs sons d’orgue de maison sont profondément ancrés dans l’univers de Leesley. Son travail puise dans les mélodies émouvantes de compositeurs comme Carole King ou Burt Bacharach, et dans la douceur voilée de voix telles que celles de Dusty Springfield ou Elvis. À cela s’ajoutent son attrait pour la littérature américaine et l’influence du cinéma français surréaliste des années 1960.

C’est en dénichant un vieux magnétophone 4 pistes dans une boutique d’occasion que Leesley a commencé à transformer ces influences en une musique minimaliste dans la forme, mais dense en émotion. En 2019, il sort Buxton Palace Hotel chez Violette Records : un EP de six titres, autant d’odes au mystère de l’amour contemporain, suivi en 2022 de Happier Things. Richard Hawley, conquis, l’invite à tourner avec lui au Royaume-Uni et en Irlande. Sous le nom Studio Electrophonique, Leesley se produit dans les festivals End of the Road et Green Man, et assure même la première partie d’Étienne Daho à l’Olympia. Ses morceaux sont diffusés sur BBC Radio 6 Music (Steve Lamacq, Gideon Coe, Mark Radcliffe, Stuart Maconie, Tom Robinson), BBC Radio 3 (Unclassified) et Soho Radio (Pete Paphides).

Une rencontre fortuite avec Simon Tong donne naissance à une amitié nourrie par leur passion commune pour The Velvet Underground, Something Else des Kinks, les romans de Barry Hines, les chansons de Jake Thackray, le North Pier de Blackpool et les parties de fléchettes improvisées dans un grenier. Dans le studio londonien de Tong, un arsenal de guitares vintage et de claviers Casio (mode orgue activé) vient enrichir les fragments de textes que Leesley griffonnait au dos de tickets de bus ou de paris.

Il en résulte un album de onze titres, où l’émotion surgit des détails les plus modestes. Solitude, désir, beauté et perte imprègnent ces scènes du quotidien : un malentendu autour d’un thé et d’œufs, un pyjama soigneusement replié par un.e amant.e disparu.e, les gouttes de pluie sur la vitre embuée du pont supérieur d’un bus n° 52, ou encore le charme délavé d’une escapade en bord de mer à petit budget. Enregistré sur bande Tascam, ce premier album envoûtant transporte l’auditeur dans un monde intime, chaleureux et rêveur.