À l’origine projet solo du saxophoniste ténor et compositeur Niklas Mündemann, Muito Kaballa s’est transformé en un véritable collectif, basé entre Cologne et Berlin. Le groupe a conquis les ondes de BBC 6 Music, soutenu par des figures comme Deb Grant, Tom Ravenscroft, Nubya Garcia, ou encore Jamie Cullum dans The Radio 2 Jazz Show. Plébiscité également par l’institution indie de Seattle KEXP et le média Music Is My Sanctuary, Muito Kaballa séduit par ses performances scéniques pleines d’énergie.

Avec Tomorrow A Flower, le groupe poursuit sur la lancée de l’album salué Like a River sorti en 2023, tout en opérant un virage stylistique : les accents jazz laissent place à une pop plus directe, sophistiquée et résolument contemporaine. Toujours imprégné de soul, le disque puise autant dans le funk africain et le hip-hop que dans des influences plus actuelles, telles que Jungle by Night ou les magiciens du groove cosmique, Khruangbin.

L’album s’ouvre sur le single ‘Loving You’, un morceau à la fois réconfortant et teinté de mélancolie, qui évoque autant la soul classique que celle, plus moderne et électronique, d’un artiste comme Jitwam. Portée par un rythme régulier de caisse claire et de tambourin, la chanson déploie peu à peu sa puissance grâce à l’harmonisation envoûtante entre voix et cuivres, comme si elle menaçait de s’envoler.

‘In My Delir’ s’enchaîne naturellement. En collaboration avec le chanteur Petite Noir et le guitariste de Muito Kaballa, Benjamin Schneider, le morceau s’ouvre sur un riff hypnotique, proche du highlife, qui se délite lentement dans les haut-parleurs. Des percussions brésiliennes introduisent le cœur du titre, où Petite Noir explore le fossé entre son esprit rêveur et son cœur éreinté par l’amour.

Le tempo s’accélère avec ‘Flowers Only Grow After Rain Falls’, une fusion électrisante des racines afrobeat du groupe, mâtinée de soul et d’électronique. On pense à See-Line Woman de Nina Simone, mais revisitée avec un chant aux accents punk-pop, qui évoque la quête d’harmonie et les vertus de la friction.

Sur l’ambitieux morceau-titre ‘Make Me Bigger’, le chanteur invité Jermain Peterson adresse à l’auditeur une supplique touchante : « take my hand and make me bigger ». Une ode à l’amitié, capable de transcender peurs et doutes, portée par des grooves d’Afrique de l’Ouest et des touches d’Afrobeats (au pluriel), entrelacés de lignes jazzy, soul et pop, qui raviront les fans de SAULT, Michael Kiwanuka ou Yazmin Lacey.

L’album se referme sur ‘Too Good For Me’, un titre ludique, irrésistible, qui aborde l’insécurité avec une énergie euphorique. Mélangeant afrobeat, boogie, pop et punk, ce morceau explosif a tout d’un futur classique du dancefloor, entre le Paradise Garage et le Shrine.

Avec Tomorrow A Flower, Muito Kaballa signe un classique moderne : un kaléidoscope sonore où les styles se rencontrent, se réinventent, et mettent en valeur l’univers original et envoûtant de Niklas Mündemann et de son groupe.